En janvier, avec nos élus, c’est comme tu vœux …
8/01/17
Le coup de plume du WE: Avez-vous vu les vœux lus des élus velus ?
Depuis le 1/01/à 0h01, l’usage païen, reliquat archaïque de nos lointains ancêtres, c’est le festival des souhaits éternels : bonheur, santé , prospérité.
Mais d’où, cela vient-ce donc ? Et d’abord, pourquoi l’année devrait-elle commencer le 1er janvier ? Et pas le 1er avril, ce qui permettrait aussi quelques faceties aquacoles et fêter en même temps les anguilles, ce délicieux poisson, préparé à la Bordelaise avec amour et surtout une bonne dose de Vin du Medoc par Mamie Sidonie Quenitette.
Et qui nous donnerait accessoirement l’occasion de coincer enfin entre deux coupes de boisson à bulles ces autres anguilles, gugusses fuyants, lisses et lustrés comme une paire de pompes qu’on meurt d’envie de leur envoyer sine die dans le fondement.
Un peu d’histoire…
Les boutonneux poussifs qui ont maudit le Gaffiot, (qui est au dictionnaire ce que le canard de plage est à la bouée de sauvetage), pour dix générations au moins, mais qui l’ont gardé pour pouvoir caler un meuble ou lire Asterix, et les ecclésiastes qui pratiquent le Latin comme vous le Turkistanais du Nord, en vous lançant le doigt vengeur « Paenitentiam, immunditia animae !” (Repentez vous, âmes impures !”), vous diront que le mot janvier (ianuarius) provient du dieu Janus, connu pour avoir deux visages : l’un tourné vers l’arrière (on n’est jamais trop prudent), l’autre vers l’avant (il vaut mieux regarder où on pose ses sandales), autrement dit vers le passé et vers l’avenir. Pile poil ce qu’il faut pour changer d’année…
C’est la faute à la Rome antique
Dans la Rome antique, le premier janvier n’était pas un jour férié. Pas si romantique que ça, quoi. C’est en 153 av. J.-C., que la scène se passe. Rome est une république dirigée par deux consuls se partageant hypocritement le pouvoir et qui changent chaque année. Leur premier acte était de se rendre au temple de Jupiter Capitolin.
Les images ne nous sont pas parvenus, c’est ballot, on aurait pu les voir tout de blanc vêtus, sur leur cheval (blanc aussi, les italiens ont toujours le sens du décorum) précédant un cortège de magistrats et de sénateurs, qui papotaient derrière.
A l’arrivée, le cheval était sacrifié. Tchac.
Mais avant, comme un soldat qu’on envoie en première ligne d’assaut, on lui donnait double ration d’herbe médicinale, la même que celle que tu cultives en douce dans ton jardin, entre deux rangs de poireaux, pour ta belle maman, en infusion, histoire de lui faire voir la vie en rose « Merci Charles-Henri, votre tisane me décontracte tellement mieux que toutes les ordonnances du Professeur Jean Crock « .
Ensuite, toute cette smala s’échangeait les vœux pour le bon déroulement de cette nouvelle année politique en prononçant « Votez pour le salut de la République » (« Vota pro salute rei publicae »).
Et dans la foulée, sourire aux lèvres et poignards dans le dos, les participants à cette sauterie VIP s’offraient des cadeaux en guise de bons présages.
Des vœux sur le Bassin
Plus de 2000 ans plus tard, nos élus perpétuent la tradition, mais le mode opératoire est plus subliminal.
Acte 1 : A la place du cheval sacrifié, l’harmonie municipale ou un groupe en mal de public donnera des couleurs inattendues aux standards du Jazz ou de la variété, devant une brochette d’élus bien rangés côte à côte, qui tape du pied en mesure, pour se réchauffer un peu les orteils.
Acte 2 : Présentation en image du bilan de l’équipe municipale (photo, films), histoire de vous rappeler à quoi servent vos impôts, et pourquoi vous l’avez envoyée, cette équipe, à la mairie (ou pourquoi vous regrettez qu’elle y soit, selon vos convictions).
Acte 3 : C’est l’heure des perspectives et du travail à accomplir, des projets structurants pour la commune pour l’année à venir. A ce moment-là, gavés de chiffres, de mots, et d’images, vous êtes déjà depuis un petit moment, en mode pilotage automatique programmé vers le buffet.
Car il faut bien l’avouer, « Non panem, non spectatores” (“Sans buffet, pas de spectateurs”), les centaines d’huitres et les petits fours bien arrosés aident un peu à remplir les salles.
C’est bien connu, les petits cadeaux entretiennet l’amitié…
Bon dimanche !
Michel Lenoir
C’est gratuit