Vendée Globe 2024: Le départ vu de l’intérieur…
Comme il y a 4 ans, InfoBassin était présent aux Sables d’Olonne pour prendre le pouls du départ du Vendée Globe… Récit avec photos et vidéo de nos envoyés spéciaux.
15/11/24
C’est dit! « Merci à tous, si je pars c’est grâce à vous… et si je reviens c’est grâce à moi ! » Guriec Soudée
Ils sont partis, voici 5 jours le cœur et le corps gonflé d’energie pour près de 3 mois de navigation sans escale, ni assistance, en solitaire. Le tour du monde du Vendée globe est une épreuve qui demandera de la détermination, de la ténacité et de l’audace aux 40 skippers engagés cette année. Ce week-end ils croisent au large des Canaries, et déjà un premier abandon pour blessure à la cheville de Maxime Sorel.
Clément et Guillaume étaient nos envoyés spéciaux pour témoigner de ces derniers moments avant le départ vers le grand large et la solitude. Ils racontent…
Ce weekend, comme tous les 4 ans, avait lieux le plus grand rendez-vous de la course à la voile : le départ du Vendée Globe, 10ème édition !
Cette édition de 2024 bat tous les records : 40 skippers alignés au départ (maximum autorisé), sur des bateaux de toutes générations, un village départ aux Sables d’Olonne qui a réuni plus de 1.3 millions de visiteurs sur 4 semaines, pour encourager ces athlètes hors normes et admirer leurs formidables navires, mais aussi profiter de l’ambiance village et des diverses animations proposées par les partenaires.
Dimanche matin, jour du départ
Il fait nuit et frais lorsque les pontons commencent à s’animer. Les équipes techniques font les deniers ajustement sur les bateaux, ça se croise dans tous les sens. Ce petit monde de la voile s’échange sourires et banalités, mais on sent la tension dans les voix.
Le soleil va se lever, et quand il se recouchera ce soir, ces formidables machines seront déjà loin dans le golf de Gascogne, porte d’entrée d’un tour de bateau qui va durer +/- 3 mois, sur les mers les plus hostiles du monde.
Le Vendée globe: Un travail d’équipe
« On part faire le tour du gros glaçons tout en bas, et on revient » nous annonce en rigolant un technicien de l’équipe de La Mie Câline Artipole (skippé par Arnaud Boissières, qui a appris à naviguer sur le bassin et court presque tous les ans notre Vendée Globe à nous, gens du bassin : les 18h d’Arcachon.
Alors oui, le Vendée Globe est bien une course en solitaire, sans escale et sans assistance. Mais ces équipes qui ont fait naître des projets ambitieux et coûteux, grâce à un travail acharné de 4 ans, s’expriment systématiquement au pluriel. Si un seul sera physiquement à bord, tous les autres y seront dans leur tête, scrutant les fichiers météo et la cartographie de la flotte quotidiennement, à redouter un problème technique et à soutenir leur guerrier dans les moments durs.
Préparation du départ
Au vue des dernières prévisions météo, le départ se prendra dans un vent de terre très léger. Les équipes font leurs derniers choix de voiles en conséquence. Les bateaux sont rangés, nettoyés une dernière fois. Certains vont même jusqu’à envoyer un plongeur dans les eux sombres et froides du port des Sables d’Olonne pour passer un dernier coup d’éponge sous la coque du bolide. Chaque dixième de noeud compte sur un tel parcours.
À partir de 7h30, les premiers skippers arrivent sur site. Après un dernier passage devant les micros et caméra pour répondre aux éternelles questions de départ : « Avez-vous bien dormi ? Êtes vous prêt ? » les athlètes descendent sur les pontons, longent les bateaux des amis/collegues/concurrents sous les applaudissements des équipes adverses (c’est beau la voile…) et rejoigne leurs bateaux.
Ils y sont accueillis par les officiels, en présence de Bruno Retaillaux (ministre de l’intérieur), Alain Lebœuf (président du département de la Vendée), Patricia Brochard (co-presidente de Sodebo, partenaire principal de l’événement), et Chrystelle Morançais (présidente de la région Pays de la Loire).
Un soutien chaleureux
Certains sont accueillis en rock star, c’est le cas de Charlie Dalin, Yannick Bestaven (vainqueur de l’édition 2020), Jean Le Cam (« le roi Jean » de son surnom).
D’autres font des arrivés remarquées, notamment Kojiro Shiraishi, skipper japonais, et Jingkun Xu, skipper chinois, tous deux en habits traditionnels de leurs pays respectifs.
Mention spéciale pour ce dernier, ainsi que le skipper français Damien Seguin, tous deux amputés d’une main. Cela ne leur empêche par de manier leur bateau surpuissant dans des conditions extrêmes. Chapeau bas.
On note également l’arrivé du couple de skippers Clarisse Crémer et Tanguy Le Turquais. Leurs bateaux sont amarrés dos à dos. Ils vont passer trois mois relativement proches l’un de l’autre, mais peut être sans se voir, chacun dans leurs courses. Le moment est drôle et émouvant.
Vient ensuite le temps des au revoir avec leurs familles, leurs amis, leurs partenaires. Des moments émouvants. Les skippers/parents ont du mal à quitter leurs enfants.
Puis ils montent à bord de leurs bateaux. Leur maison pour 3 mois.
On citera Guriec Soudée, skipper/aventurier plein d’humour et de caractère, annonçant à ses proches restés à terre alors que la dernière amarre est larguée : « Merci à tous, si je pars c’est grâce à vous… et si je reviens c’est grâce à moi ! »
L’ultime au revoir
Ils sont alors entourés à bord de leur équipe technique rapprochée, qui restera jusqu’à 10 minutes avant le coup d’envoi, au large. Ces derniers assurent la conduite technique du bateau pour l’extraire du port, alors que le skipper savoure cet incroyable moment qu’est la remontée du chenal, acclamé par une foule compacte de milliers de personnes.
Certains spectateurs ont dormi là, pour garantir une place aux premières loges. Cette communion, cet engouement pour encourager les 40 skippers à partir faire le tour du monde et revenir sans encombre vaut le détour…
La ligne de départ est située quelques miles au large, elle mesure 2 kilomètres cette année, afin de permettre aux 40 bateaux d’évoluer le plus confortablement possible.
On notera malgré tout une certaine tension dans cette phase de pré-départ : ces bateaux sont complexes à manœuvrer, même avec l’aide de l’équipe technique. Chaque manœuvre est longue et exigeante, il faut anticiper les collisions plutôt que les éviter au derniers moments. Cette année, le vent est faible. Quelques noeuds du Nord Est, 7 tout au plus. Les spis sont hissés. Ainsi gréés, ces bateaux de 60 pieds portent près de 700m2 de toile !
Top départ!
13h02. Le départ est donné par le Prince Albert de Monaco. Pourquoi 13h02 ? Afin de permettre aux JT de saluer leurs téléspectateurs et retransmettre en direct l’événement.
Contrairement à l’édition précédente, ces conditions météos très calmes rendent ce départ quasi statique. Les bateaux accompagnateurs peuvent ainsi profiter plus longtemps du spectacle. Car quand une petite brise se lève enfin vers 15h, les imoca se réveillent immédiatement et montrent à tous pourquoi on les surnomme les formules 1 des mer. Ceux équipés de foil filent déjà presque à 2 fois la vitesse du vent.
On apprendra par la suite à la vacation radio que les skippers ont vécu ce souffle d’air comme un véritable soulagement, leur permettant d’enfin s’occuper à faire avancer le bateau, s’éloigner de la meute des bateaux accompagnateurs pour terminer ces aurevoirs qui duraient depuis tôt ce matin. Et se mettre dans leur bulle pour 3 mois…
Retrouvez l’ambiance et le suivi de la course sur le site officiel du Vendée Globe, ici.
Reportage: Photos Clément Viala / Vidéo Guillaume Lenoir