Un chef Papou à Arcachon et la politique de la dent creuse…
Un chef papou plante des arbres en Gironde et promeut un film-docu. Les élus se l’arrachent !
5/06/18
La mission de Mundiya Kepanga est noble et mérite qu’on la soutienne, y compris et surtout sur le Bassin, dont l’écosystème souffre d’une urbanisation galopante. Son message est limpide : « Il faut arrêter la déforestation, pour les peuples qui y vivent mais plus largement pour l’humanité ».
Un Papou après un Amazonien
Dans la année 80, le chef Amazonien Raoni Metuktire avec sa lèvre inférieure en forme de plateau, fut appuyé par Sting et d’autres stars au sein de la Rainforest Foundation, et devint l’ambassadeur international de la lutte pour la préservation de la forêt et des peuples amazoniens.
Il réussit alors à faire abandonner le projet de barrage hydroelectrique de Kararao au Brésil et obtint la démarcation des territoires kayapos menacés d’invasion.
Aujourd’hui, c’est au tour d’un chef de tribu des Hulis en Papouasie-Nouvelle-Guinée (voir sa bio ici) d’alerter de nouveau l’occident en s’adressant aux scientifiques et aux enfants. Ils sont le 1er public visé par ce nouvel apôtre de la protection de la planète.
Comment disparaissent les forêts ?
Chaque année, 13 millions d’hectares de forêts tropicales primaires disparaissent avec des arbres millénaires.
Celles d’Asie ont disparues dans les années 90. Puis en 2000, la Chine, en plein développement, défriche les forêts du Cambodge et du Laos, idem au Vietnam.
Le coup de grâce est porté avec la construction de barrages qui noient les vallées entières, la croissance en production d’huile de palme, de soja, l’exploitation de mines… Comme en Guyane Française où les mines d’or détruisent les sols.
Pourquoi un chef Papou en Gironde ?
Du 5 au 9 juin, il expliquera la situation de la forêt primaire de Papouasie Nouvelle Guinée, l’une des plus riches et plus anciennes, exploitées pour ses grands arbres par les entreprises étrangères. Il a de la constance. Depuis 2003, il parcourt l’Europe pour donner des conférences à l’invitation des musées, des chercheurs ou d’établissements scolaires.
A Bordeaux, il sera reçu par le président du Conseil départemental en présence de Marc Dozier, co-réalisateur du film-documentaire réalisé entre 2015 et 2017 « Frères des Arbres, l’appel d’un chef Papou « (primé à plusieurs reprises et déjà vu sur Arte).
Une exposition à voir aussi au domaine de Certes
Le reporter photographe y présentera une exposition photo réalisée à partir de clichés pris lors de ses voyages dans ces contrées lointaines. Il montrera l’environnement fragile de la tribu de Mundiya Kepenga, et ses traditions séculaires menacées par la déforestation.
L’exposition sera ensuite visible à Audenge du 7 au 11 Juin sur le domaine de Certes et Graveyron, dans l’espace muséographique.
A Arcachon, film/débat et plantation d’un arbre
Le film sera diffusé aussi jeudi 7 juin, à Arcachon à 20 heures, à l’Olympia (gratuit mais sur réservation auprès de l’O.T.)
Mais auparavant l’après-midi, les enfants planteront un arbre en compagnie du Chef Papou et bien sûr du maire de la ville, qui révèle ici des penchants méconnus pour lutter contre l’abattage des arbres et l’urbanisation galopante…
Mais l’occasion était si belle, fournie sur un plateau par Claire Marescot, conseillère municipale de la ville et dont le frère est co-réalisateur du film présenté. Une belle photo sur les réseaux sociaux…
Le programme à Certes
Vendredi 8 juin 2018, en journée, une centaine d’enfants des classes primaires d’Audenge et Lanton assisteront à la projection du film, suivie d’un temps d’échange avec Mundiya.
En soirée, le grand public pourra visionner le film à 20h, qui sera suivi d’un débat avec le chef Papou et Marc Dozier. Toutes les places ont déjà été réservées…
Sensibiliser les enfants, d’abord
Il a raison finalement M. Mundiya de vouloir capter l’attention des gamins.
Parce que pour les adultes aux manettes, tout ça n’est qu’une vaste comédie…
Le chef Amazonien Raoni, malgré sa puissance de feu médiatique, n’a pu empêcher la construction du mega barrage de Belo Monte sur le Rio Xingu, dans l’État fédéral du Pará au Brésil.
Et la déforestation est repartie de plus belle dans les zones non protégées. Les profits pour les multinationales d’abord. Idem en Papouasie.
Alors restent le film, remarquable plaidoyer pour la défense de l’environnement.
Et les enfants.
Même pour ceux de la génération smartphone, une forêt avec de vrais animaux sauvages à protéger avant qu’il n’en reste plus que dans les zoos, et des drôles de bonhommes avec un os dans le nez qui vivent sans le stress de leurs parents, ça peut peut-être les interpeller.
Il suffit de semer une petite graine pour que germe une idée. Un arbre. Une volonté.
Comme celle d’agir enfin pour arrêter l’envasement et la mort lente du Bassin en amont, et l’urbanisation galopante dans les espaces verts.
Le (faux) dilemme du Papou et des dents creuses
Le chef Mundiya Kepanga devrait aller faire un tour à l’assemblée nationale en compagnie de notre députée. Elle pourra lui expliquer la nouvelle loi littorale, votée en commission, qui offrira la possibilité de rendre constructibles certains sites de nos côtes, jusqu’ici inviolés, dans le cadre du projet de loi Elan (Évolution du logement, aménagement et numérique)
Si le texte passe en l’état, les élus pourront permettre de construire au sein des dents creuses situées entre une agglomération et seulement quelques habitations éparses.
Les services d’urbanismes vont devoir embaucher; ils risquent la surchauffe…
Sauf si, depuis qu’ils ont croisé la route de Mundiya Kepanga, les maires ont compris le message, et n’en feront rien, malgré les demandes caressantes des promoteurs.
Non ? On peut toujours rêver…
Michel Lenoir
Illustrations : Copies écran film « Frères des arbres »
C’est gratuit