J-J Savin dans son tonneau sur l’océan touche bientôt au but…
Nautisme : Carnet de bord de la traversée de l’atlantique en tonneau de l’Arèsien Jean-Jacques Savin
InfoBassin vous informe régulièrement du périple de JJ Savin pour traverser l’atlantique vers l’ouest dans son tonneau des tonnelleries Boutes, depuis les Canaries, au gré des courants et du vent, et valider la théorie d’Alain Bombard, affirmant qu’ « une barrique mise à l’eau au large des Canaries, mettrait trois mois pour arriver aux Caraïbes » …
Nous avions laissé Jean-Jacques dans sa 68e journée le 4 mars (voir notre article).
Voici la trace de ses 5 derniers jours. Bientôt il coupera le méridien d’arrivée comme Alain Bombard qui l’inspira pour ce périple osé.
Son dernier Compte-rendu de bord retrace la 118 eme journée (mardi 23 avril) de sa traversée. Il est à lire en fin d’article. Nous avons, pour des facilités de lecture et pour le suspens, gardé l’ordre chronologique…
113ème journée, Jeudi 18 Avril
C’est un temps de rêve pour faire une promenade en pédalo…
Dans la nuit, au cours d’un tour d’horizon, mes copines en troupeau sont là autour de mon Tonneau dormant allongées sur le côté comme des sardines en boites…
Inutile de me mettre à l’eau il suffit de me pencher pour récupérer un tartare tout frais. La plus proche sera celle sacrifier… Je tire, elle est bien fléchée, évidemment la puissance de la flèche non freinée par l’eau et la puissance de la bête et bien celle-ci s’en va avec la banderille… Moment très pénible d’imaginer la suite pour cette belle créature, plus de flèche et je m’en réjouis, je ne mérite pas après un tel acte, de chasser depuis un fauteuil… ça n’a aucun mérite, même si le corps réclame…
Puis dans la journée, c’est le moment avec le smartphone de prendre quelques photos de l’extérieur durant 15 minutes, mon fidèle compagnon est mis en boîte sous tous les angles…
Et puis arrive mon moment de farniente sur le toit et en ensuite lecture sur la bannette…
Alors que je finissais la lecture de mon dernier livre (La Bible pour enfants) très imagé, et cela me convient bien, j’entends un léger craquement et un choc assez violent sous la coque
Aussitôt mes pensées vont vers un tronc que nous avons percuté, je sors et oh surprise un intrus de plus de 3,50 mètres de long qui s’est invité… Race magnifique de requin qui inspecte la coque tout en se retournant, c’est un vrai ballet !!!
Il est suivi par toutes mes copines qui derrière lui forme un cortège, il fut très intrigué et édité par la forme de la coque et puis après des minutes de va et viens sous la coque, tout ce petit monde est reparti…
J’imagine les orques, qui a plusieurs, vous percutent la coque, j’ai lu le récit de Steven Callahan, percuté après avoir quitté les Canaries et qui est resté 98 jours dans son radeau de survie…
A ma demande Lucien a renforcé les fonds, par la suite je suis allé inspecter la coque, sans traces apparentes, seul un de mes deux compagnons était présents…
Bonne soirée à tous !
Je salue les 4 mousquetaires : Achilleas, Edgar, Pol, Ptit Louis.
A très vite…
Position : 22*625. N. 058* 115. O. / Effectué : 17 nm = 31 km
114ème journée, Vendredi 19 Avril
Depuis quelques jours, nous avançons très peu mais le vent favorable est revenu, nous poussant vers Porto Rico…
Loin devant quelques poissons volants qui attirent et distraient ces moments de réflexions sur mes proches qui sont dans l’attente passive pour mettre la machine en marche des retrouvailles. Certains et certaines, contrairement à ma situation, s’inquiètent et je les comprends… Il est évident qu’il vaut mieux pour tout le monde terminer proprement et éviter le scénario catastrophe. Ce sera trop tard, dangereux et coûteux.
D’ici à Dimanche, je devrais franchir le méridien d’arrivée d’Alain Bombard, le père spirituel de cette traversée. J’estime qu’à la longitude 63 degrés Ouest ce qui me situe largement à l’intérieur de la mer des Caraïbes : Ma traversée sera achevée… J’espère à ce moment-là, une certaine compréhension, pour un petit coup de pouce pour que la fête soit belle.
J’ai toujours évité l’assistanat, mais après 4 mois « Aide-toi, le ciel t’aidera » qui est ma devise… et bien à son tour de m’aider…
MERCI J Michel d’embarquer à bord, tu as la place N°146 et à te retrouver avec William de la SIECMI (qui a aussi parrainé cette traversée) pour le méga méchoui que Gaby et Raymond cogitent…
Daniel H : à mon retour pas de pantoufles, ni chocolats… J’ai un voyage à pieds pour Lourdes de prévu depuis le 62ème jour et validé le 92ème… Si certains souhaitent participer durant une semaine à ce bol d’air, ce sera avec plaisir, un véhicule logistique accompagnera, préparant le bivouac du soir autour d’un feu pour la période Fin Août.
Merci à ROBY Le marcheur de l’extrême, je veux bien t’accompagner durant 2 jours lors de ton passage vers Bordeaux, selon mes disponibilités, car j’ai également la préparation de la traversée de la manche…
Oui EDGAR comme je le dis souvent, je ne suis pas pressé de retrouver des gens pressés…
Vers le 63ème, ALAN si je ne suis pas trop loin de la route des portes conteneurs qui descendent, je chercherais comme tu dis un ascenseur…
FRANCK : Savez-vous que j’ai une amphore à bord de 10 litres du Château Reignac 2017, au retour son vieillissement sera vérifié…
JACQUES : Je suis très fière d’être suivi par des écoles et à mon retour de leur compter ce voyage, merci également à Viviane pour le suivi de sa classe.
Si d’autres classes comme Talence ou autres qui suivent discrètement souhaite ma présence, je serai disponible.
Et oui PAUL, mon trajet est comme la vie, vous prenez un mauvais départ et on atterrit n’importe où !
MARIE-ODILE : Amerrir en Floride à Cap Canaveral avec ma capsule ce serait fabuleux, personnellement je suis partant, mais derrière, à terre il y a une logistique, de contrôle médical, psycho, matériel, amitiés tous ceux-là sont dans les starting-blocks, près à sauter dans un avion, ils ont leurs quotidiens et ne peuvent chambouler trop certains plannings.
Évidemment ANDRÉ qu’une arrivée à BARBUDA serait sympa…
KRISTOF : La Martinique est l’idéale d’y être déposé pour les raisons évoquées plus haut.
Espérons JEAN que cette année votre banquise ne va pas trop souffrir, pour information, nous avons en France une ambassadrice des pôles, je n’arrive pas à savoir sur lequel est son bureau… Je crains que cela se passe comme pour le Rhinocéros en Centrafrique, une fois qu’ils ont été exterminés qu’on se décide de les protéger… Lire mon livre…
A très bientôt et bon week-end si Audrey a le temps de vous envoyer ces réflexions.
Et puis une bonne fête aux hecto PASCAL.
Attention aux cloches il y en a qui sont pénibles, c’est comme les Chameaux…
Position : 22*688 N. 058*391. 0.
Effectué : 17 nm = 31 kms / Profondeur = 5 320 mètres
115ème journée, Samedi 20 Avril
Le vent est là, nous partons dans des surfs à 8 nœuds soit 15 kms/heure, il n’est pas possible de tenir la tablette qui tourne de 90 degrés dans un sens puis dans l’autre… ça secoue et mon compte-rendu sera allégé…
115 jours : 04 h 06 minutes, je croise le méridien de l’arrivée à la Barbade après 65 jours d’Alain Bombard : 059*36 W.
Je salue son exploit, un très grand exploit, traverser sans avoir à boire et à manger, c’est incroyable, il a perdu 25 kgs et il a contribué et apporté une confiance en survie aquatique, sur un pneumatique de 4 mètres 50, il n’avait pas de GPS, ni de suivi satellite.
Souvent dans ma confortable capsule, je pense à lui, comme aujourd’hui avec des vents de 40 Kms/h avec des rafales à 45 kms/h…
Je souhaite de Joyeuses Pâques à tout le monde !!!
Position : 22*617. N. 058*997. O. / Effectué : 33 nm = 61 kms/ Profondeur = 4 920 mètres
116ème journée, Dimanche 21 Avril
Ça souffle très fort plus que prévu avec un cap excellent encore 1 semaine comme ça et c’est Valérie de Saint-Barth qui aura la chance et l’avantage de faire une promenade en Tonneau…
Dehors la mer et les vagues sont déchaînées dernière ligne droite, sprint final, la ligne est peut-être pour demain soir voire après-demain, la dépression va s’essouffler.
Maintenant l’heure est venue de jouer la sécurité, mon estime finale se situe au-delà du méridien de l’Ouest de la Martinique.
Comment vais-je être récupéré ?
Après 120 jours ou j’étais seul, sans une contrainte, voilà qu’il faut que je revienne les pieds sur terre… Si possible où ce sera le plus facile pour ramasser mon outillage, remettre un peu d’ordre dans mes idées et pouvoir apprécier ces 4 mois.
Ce n’est pas dans mon habitude, mais pour une fois je demande une faveur…
Mercredi j’installerai les amarres de levage en les passant sous la quille pour plus de sécurité (Merci encore Lucien) pour que Jeudi par petit temps un cargo qui fait route vers le Sud s’arrête 1 h pour me hisser et me déposer 24 ou 30 heures après au vent de la Martinique où des amis viendront me remorquer…
Ceci est ma prière finale, j’espère qu’elle sera entendue et que mon compagnon ne devienne pas une galère…
Bonne nuit à tous et à Achilleas, Edgar, Pol, Ptit Louis.
Position : 22*577. N. 059*768 / Effectué : 45 nm = 85 km
117ème journée, Lundi 22 Avril
En fin de matinée, le temps se calme pour revenir à Force 4. La mer est correcte et dans la direction du vent, le Tonneau se comporte très bien.
Hier, j’ai pris du plaisir depuis le perchoir, à suivre mon compagnon dans ces mouvements, se tortillant comme une anguille qui s’échappe, c’est lui qui se dirige face aux vagues agressives.
Il se relève et puis il accélère et pars en avant en se couchant sur le flanc à 20 degrés, des fois à 25… et puis ça se redresse, tortille un peu de l’arrière et à nouveau c’est reparti !
Plus les jours passent, plus Le Tonneau est léger, plus il est volage et se déplace plus vite…
Je privilégie la vitesse au confort, il suffit de remplir les jerrycans d’eau de mer et la stabilité sera accrue.
Le fait que mes 60 kilos passe d’un bord à l’autre, l’inclinaison me suit.
Au début, jamais je n’aurai pu rester à 2 m de haut pour assister à ses roulis et tangage. J’ai confiance aux 45 kilos de plomb que nous avons rajouté à l’issue des premiers essais, Il est vrai que les creux étaient de 3 m et toute les huit secondes c’est la même escalade de par l’arrière.
Par contre à l’intérieur, face au hublot calé dans le siège baquet, je ne suis plus le surfeur du perchoir mais un vrai pilote de chasse.
Et puis, j’ai eu la visite d’un puffin qui plane très nerveusement puis il se pose 100 m devant et lorsque vous êtes à 20 m, il repart et fait son tour, se repose, t’attend.
Et ainsi de suite, je fus étonné qu’il soit seul, j’espère qu’il reviendra me présenter sa ou ses compagnes…
Lors d’une précédente traversée, ils m’ont accompagné très longtemps, c’était sur le chemin retour vers la France, il y a des périodes sans vent qui durent jusqu’à 3 jours, j’en profitai pour nager et peut-être arriver à les approcher à moins d’un mètre… très familiers.
Rien de particulier, c’est la première fois qu’en 24 h le cap est du 200* c’est super !
Dommage que ce soit maintenant, on va dépasser le point le plus bas, mais dans quelques jours nous remonterons, j’espère que nous allons dépasser ce méridien d’arrivée puis rentrer à la Maison après 4 mois sur les flots !
Très bonne soirée à tous, sans oublier mes petits compagnons Achilleas, Edgar, Pol, Ptit Louis…
Position : 22*930. N. 060*138. O. / Effectué : 41 nm = 76 kms / Profondeur = 5 510 mètres
118 ème journée, Mardi 23 Avril
L’océan, après avoir donné durant 72 heures, s’accorde du répit, c’est le calme complet depuis ce matin, avec ce soir un rayon vert magnifique.
Depuis ce matin, un individu, de par l’écran sous la coque, me surveille. Il fait bien 2 kgs, n’ayant plus de flèches, mais j’ai bien une tête de lance offerte par les pygmées, qui est au fond du sac survie.
Une baguette de bois bien retaillée, la pointe est fixée et voilà un harpon pour récupérer quelques oméga 3…
Lorsqu’ en fin d’après-midi, je descends et bien plus personne, sauf mon compagnon qui est seul depuis la visite du requin… J’en profite pour les nettoyages du hublot sous-marin et de la coque, c’est une multitude de poissons de tous genres qui remontent des profondeurs et qui s’installent pour casser la croute. J’avais vraiment l’impression d’être dans un aquarium, même des dorades sont venues faire les curieuses mais pas moyen de les approcher.
Donc ce n’est pas demain que nous franchirons cette ligne de fin de parcours, qui je pense va continuer quelques temps car nous sommes encore trop loin pour espérer un remorquage ou un embarquement.
Merci JACQUES DOL : Il m’arrive de penser cette époque où nous étions insouciants, il y avait peu d’interdit, notre seule inquiétude était de réussir le certificat d’études primaires… Laisses stp tes coordonnées à Audrey et à très bientôt !
HELOÏSE : Tu peux compter sur ma présence, le 03/08 pour cette sympathique fête du Club Nautique Arésien. Bonjour Edgar, Robert, Claude, Philippe….
MATTHEW : Oui il y a quelques jours j’étais surpris par un bruit bizarre et en sortant un très beau requin qui était excité de par la forme sous-marine de la coque, car il est passé dessous, en se retournant une dizaine de fois, il était plus long que le tonneau.
Aperçu des choses mystérieuses ? Il y a eu dans la nuit toujours loin sur l’horizon cette lumière qui a apparu puis diminué puis intensifiée et disparu ça ne dure même pas une minute…
Est-ce une balise qui est remontée en surface puis replongée, est-ce un exercice nocturne. Un navire qui a changé de cap ou qui a des problèmes de génératrices …cela ne m’a pas empêché de me rendormir.
Demain 119ème jour vais-je avancer… Où serai-je ?
Bonne nuit tous et aux jeunes matelots Achilleas, Edgar, Pol et Ptit Louis…
Position : 21*484. N. 060*462. W. / Effectué : 33 nm = 61 kms / Profondeur = 4 920 mètres
Retrouvez tous les compte-rendus sur la page FB de TESA. Voir aussi sur le site atlantique-tonneau.com
Pour encourager Jean-Jacques, c’est aussi sur sa page FB, ici
A suivre…
Michel Lenoir
(Illustrations copies écran site defi-alabordage.com et JJ Savin / Spot / google)