Forage ou puits ? Si vous lisez, vous saurez !
23/04/17
Il était une fois… l’eau du Bassin (par Isidore, le puisatier). Episode 1
Puisatier traditionnel, je vais vous parler de l’eau, de votre eau, celle de notre sous-sol. L’eau est un bien commun national, qui appartient a tous.
Avant l’eau courante, sur le Bassin, presque chaque maison avait son puits. Un bon puits sain et familial, la prunelle des yeux des habitants. Ces puits étaient créés par des puisatiers traditionnels, qui connaissaient les arcanes de la bonne réalisation, de père en fils.
Les puisatiers ont disparu quand l’eau de la ville est arrivée dans les « robinets », c’était dans les années 1960. La migration bordelaise a commencée, et les maisons ont commencé à pousser plus vite que nos ceps et autres girolles. Les nouveaux arrivants avaient besoin d’eau pour arroser les fleurs donc ils avaient besoin de puits, mais voilà : Plus de puisatiers à l’horizon. Ces gens là s’était recyclés , ou étaient morts, ou à la retraite.
Les forages des plombiers
Alors pas bêtes, quelques plombiers de l’époque se sont mis à creuser pour avoir de l’eau. Ah ça, pour avoir de l’eau ils en ont eu, dans ces années là, pompée n’importe où, et n’importe comment, et, à force de martyriser le sous-sol, les effets pervers sont apparus. Le mélange des eaux entre nappes phréatiques venait de commencer.
L’administration des eaux et forêt, vigilante et inquiète, voyant le début du massacre des nappes, fit promulguer une loi interdisant le mélange des nappes. Peine perdue, on continua insouciant à polluer, car ce mot venait de naître.
Et le bas des murs des maisons ont commencé à se teinter d’une couleur ocre, à cause d’un arrosage du jardin pompé dans l’eau ferrugineuse souterraine, mal ciblée.
Puisatier et foreur…
J’appris le métier de puisatier tout à fait par hasard vers l’age de treize ans. Je voulais comprendre le comment du pourquoi du sous-sol et la technique pour en extraire l’eau.
Vous entendez parler ici et là de Puits et Forage. Mais quelle est la différence ? Est ce si important que cela ?
Les foreurs sont, à la base, des gens pressés. Dans la région on trouve de l’eau partout, ils ne cherchent pas trop à comprendre, point l’idée de s’embarrasser d’un sourcier, le propriétaire a dit qu’il voulait un forage ici. Bien, alors on perce ici .
Et le foreur espère qu’il y aura de l’eau,
Le foreur, espère que cette eau sera la meilleure possible,
Le foreur espère que le forage durera le plus longtemps possible …
Pour beaucoup de gens, un forage vaut bien un puits. Ben non ! Car dans la réalité, c’est tout le contraire.
La mise en place d’un puits foré, ce n’est pas anodin. Si la crépine est mal adaptée, pas bien placée (pratiquement au centimètre près), le puits ne durera pas bien longtemps, produira une eau ferrugineuse, voir malodorante, avec un risque de mélange des eaux considérable, ce qui est strictement interdit.
En effet, les forages à risques ou mal faits polluent les nappes souterraines qui polluent en chaîne tous les puits (en aval), jusqu’aux nappes d’eau que nous sommes sensés boire.
(A suivre…)
Plus d’infos sur l’association des amis des puits, ici.
Isidore Plantey