Projet de contournement Nord Bassin : La CEBA veut un autre scenario !
La Ceba met la pression pour que le Département prenne en compte des solutions alternatives.
11/06/18
Un dossier chaud patate, le projet de déplacements durables du Nord Bassin…
L’objectif est de trouver des solutions pertinentes pour une optimisation de la circulation insupportable et accidentogène sur la RD 3 entre Biganos et Lège Cap ferret.
Depuis plus de 10 ans, ce serpent de mer surgit du fond des eaux troubles politiciennes avant d’y replonger régulièrement pour s’y faire oublier.
Et puis fin avril, le conseil départemental a organisé une concertation publique avec plusieurs réunions autour de 3 scenarii (voir notre article du 8 mai dernier) .
Oui mais… un manquait au dossier. Celui préconisé par les associations environnementales regroupées au sein de la CEBA, qui a fait connaître son courroux.
La Ceba, pour mémoire, c’est l’asso qui a fait casser le SCOT au tribunal administratif de Bordeaux.
Du sérieux.
Du coup, le Département de la Gironde en accord avec l’ensemble des collectivités partenaires, organise un atelier de travail supplémentaire (le 21 juin, date à confirmer) pour débattre avec le public de l’opportunité des solutions «Transport en commun en site propre (TCSP) » et « tram-train », entre Biganos et Arès.
Les motifs de la contestation aux 3 scenarii
Pour la Ceba, c’est une « concertation déconcertante…/… Durant plus de 3 mois, 3 réunions et 9 ateliers thématiques ont mobilisé à plusieurs reprises plus de 100 personnes qui ont échangé, proposé, discuté, élaboré des contributions. Le résultat présenté 5 mois plus tard semble donner raison à ceux qui pensaient que la partie était jouée avant le début de la concertation, laquelle n’avait finalement pour habile objectif que d’amener le plus grand nombre à ne proposer comme solution que la construction d’une route, c’est-à-dire, la fameuse voie retro-littorale.
Les confidences d’élus rapportées par quelques témoins laissaient bien entendre que cette route se ferait « de toutes façons ». La concertation, au prix d’un changement de l’intitulé du projet (Déplacements durables), n’a donc d’autre finalité que de mieux faire passer le projet initial, d’une manière apparemment vertueuse, car « démocratique ».
Des solutions appartenant au passé ?
Les 3 scénarii proposés ne prennent pas en compte les solutions alternatives à la construction d’une route en pleine forêt. Or pour la Ceba, la concertation jusqu’au 30 juin ne respecte pas la convention d’Aarhus qui exige que le public soit informé de toutes les options possibles.
Le scénario n°1 (qui exclut la construction d’une nouvelle route) ne propose que des améliorations marginales et est même présenté dans le dossier de concertation (p49) comme étant celui ne faisant pas évoluer le système global de mobilités …
Les deux autres scénarios proposés sont basés sur la création d’une route au travers des zones forestières, l’une utilisant les pistes forestières, l’autre passant plus près des zones urbaines en utilisant les emprises des lignes à haute tension.
La CEBA refuse ce parti pris dans le cadre de la présentation car « l’ouverture à l’urbanisation de la partie située au sud de la route, c’est-à-dire entre la route et les enveloppes urbaines actuelles, est quasi inéluctable »
Pour un scenario plus souple et moins coûteux, le long de la piste cyclable
La Coordination demande qu’un scénario « n°1 bis » soit élaboré et présenté. Il intégrerait un transport en commun en site propre (TCSP). Ce TCSP pourrait emprunter l’emprise le long de la piste cyclable, mais aussi desservir des lieux qui s’en écartent (centres de santé, établissements scolaires, pôles commerciaux …).
Cette solution présente une grande souplesse, nécessite un coût d’investissement bien moins important, impacte au minimum la biodiversité et répond aux besoins présents et à venir de la population.
Afin de limiter les impacts et les coûts d’infrastructure, l’utilisation de bus électriques circulant sur une voie unique sur les emprises situées le long de la piste cyclable devrait être sérieusement et prioritairement étudiée.
Pour Jacques Storelli, président de la Ceba, « les solutions du siècle dernier – « on fait une nouvelle route et on construit autour » – ne sont plus de mise. Les villes qui bordent le Bassin sont dorénavant quasiment toutes jointives et forment maintenant une nouvelle « agglomération » qui doit être traitée comme telle…/…
Partout ailleurs, dans les agglomérations nouvelles, des solutions alternatives aux véhicules particuliers sont mises en oeuvre pour donner une vraie priorité aux transports en commun et notamment tramways et bus électriques. On a changé d’ère, et notre arrondissement doit se tourner résolument et courageusement vers l’avenir…/…
La majorité de la population le souhaite, dans le souci de la préservation du patrimoine naturel en tant que bien commun, ce qui n’est absolument pas antinomique avec une amélioration décisive des moyens de communication du Nord Bassin. »
Cette idée est partagée aussi par le club d’entreprises C2BA, mais qui l’étend jusqu’au Val de l’Eyre (voir leur proposition ici).
Quoiqu’il en soit, les consultations s’achèveront le 30 juin. Etapes suivantes :
–3ème trimestre 2018 : bilan de la concertation avec Rapport des porteurs de projet synthétisant les avis, observations, propositions des participants et les enseignements qu’ils tirent de la démarche.
Dans un délai de deux mois à compter de la publication du bilan de la garante, ils communiqueront également sur les mesures qu’ils jugeront nécessaires de mettre en place pour tenir compte des enseignements tirés de la concertation.
-4ème trimestre 2018 : choix par le Département de la Gironde et les collectivités partenaires d’un scénario
A suivre…
Michel Lenoir
Illustration plan extrait du rapport Coban sur le schéma des modes doux (voir ici)
Photo extraite dossier C2BA
C’est gratuit