Opération Bigorneau : Pour Arguin, les calmes se rebiffent …
Ils ont le béguin pour Arguin. Ils vont camper sur les rond-points du Bassin…
5/08/17
Trop, c’est trop ! Après une réunion peu concluante avec le sous-préfet le 21 juillet dernier, le collectif des usagers du Banc d’Arguin est en colère et manifeste ce samedi de 9h à 17h sur 4 rond-points du nord et Sud Bassin : Entrée d’Arès (Leclerc), centre-ville Facture- Biganos , Zone d’activités de La Teste (au bateau) et au rond-point du figuier au Pyla (La poste).
Pour exprimer leur courroux, ils vont y planter une quinzaine de parasol, chaises et tables pliantes, et serviettes de bains, façon camping à la plage à chacun des giratoires, et distribuer des tracts aux automobilistes qui auront l’idée de passer par là.
Cette action se veut « paisible, propre et respectueuse du public mais très médiatique et déterminée »...
Historique
Pour les rares résidents ou pour les visiteurs qui n’auraient pas encore entendu parler du dossier, ce petit bout de sable est classé Réserve naturelle national depuis 1972.
Il n’est pas géré par le Parc naturel marin du Bassin d’Arcachon (instance collégiale qui regroupe toutes les parties prenantes du bassin), mais par l’Etat, qui a délégué la gestion à la SEPANSO, organisme associatif à la ligne politique environnementale très volontariste dans la défense du milieu naturel (Fédération des Sociétés pour l’Étude, la Protection et l’Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest).
Oiseaux … ou parasols ?
D’un coté, ce lopin de sable héberge de nombreuses espèces d’oiseaux, dont la Sterne caugek ou l’Huitrier pie, et des plantes fragiles. Et quand jusqu’à 3000 personnes/jour débarquent sur le banc emmenés en bateaux privés ou collectifs, la SEPANSO voit rouge.
De l’autre, les habitants du Bassin ont depuis longtemps pris l’habitude d’y passer du bon temps la journée et d’y dormir la nuit dans leur bateaux. La dernière mouture du décret signé par Ségolène Royal (voir notre article), le jour de son départ du ministère a mis le feu aux poudres.
Les raisons de la colère
La coordination des associations des usagers de loisirs et des professionnels du nautisme veut montrer les dents et les muscles pour inciter le gouvernement à abroger le décret qui pose de nouvelles contraintes aux amoureux du Banc d’Arguin.
La coordination des mécontents conteste le manque d’étude scientifique, de commissions techniques locale, et l’abus d’influence du gestionnaire.
Elle souligne que « ce décret double la superficie de la Réserve Naturelle qui passe à 4360 ha et les interdits de son occupation »…/… »du Cap-Ferret à la plage de La Lagune et sur 8km, du littoral du Pyla, vers l’Océan sont interdits : Les matériel de plage (parasols, chaises pliantes etc.), les nuitées, les pêches de loisirs et professionnelles car incompatibles avec les objectifs de la réserve (art. 7), le surf-casting de jour et de nuit, le kite-surf ». Elle s’insurge également « contre la disparition programmée de l’ostréiculture (non renouvellement des concessions) ».
Pro vs anti-décret…
Les défenseurs du décret de leur coté vilipendent les comportements inconscients des usagers du banc (chiens non tenus qui coursent les oiseaux, ou qui défèquent sur la plage, dépôts de détritus en tout genre, etc).
Et ils expliquent que les parasols ou les voiles de kite-surf effraient les oiseaux et perturbent leur mode de vie.
Le but de l’Opération Bigorneau
La Coordination demande donc l’abrogation du décret dans son recours gracieux porté par Maître François Molinié avocat devant le Conseil d’Etat. Et « que ce soit les commissions du Parc Naturel Marin du BA qui organisent les réflexions de rédaction d’un décret devant modifier seulement et suffisamment quelques mesures réglementaires et surtout pas d’agrandir le périmètre de la Réserve. Au contraire, plutôt le réduire ».
Et après…
Compte tenu de l’implication de nos politiques sur ce sujet brûlant, il parait évident que dans tous les cas le décret paru dans l’urgence du départ du précédent gouvernement sera revu. Et il est hautement probable que par exemple l’accès au mouillage de nuit soit autorisé sous conditions. Un avis du Conseil d’Etat permettra à Nicolas Hulot de sortir le dossier par le haut.
Pour le reste, des réunions seront encore nécessaires pour tracer l’avenir et l’utilisation d’un banc de sable pas comme les autres, qui soulève bien des passions…
Michel Lenoir
C’est gratuit