Chronique de Noël: St Nicolas, Jésus et le Père Noel!
Humour satirique: Dans la distribution des cadeaux de Noël, tout n’est pas toujours bien clair pour les enfants, selon les régions, les personnes influentes et les parents…
Par Alain Mouginet, écrivain, ancien éditeur, demeurant sur le Bassin.
8/12/24
Je ne sais pas vous, mais moi une bouffée de nostalgie m’envahit à l’approche des fêtes de fin d’année. Souvenirs, sans doute de ma petite enfance bercée par cette période bénie où la préparation des festivités était un pur moment de bonheur.
La mise en place du sapin (Abies balsamea), dont la bonne odeur s’insinuait dans chaque recoin de la maisonnée, sa décoration, la confection des pains d’épices que ma maman préparait avec amour dans une atmosphère sereine et joyeuse. Une sorte de moment d’attente, hors du temps et des tracas quotidiens, chargé de chaleur et de mystères.
Saint Nicolas Vs Père Fouettard!
Po ! po ! po ! Ressaisis-toi mon gars ! Cette jolie vision fantasmée travestit une réalité enfantine plus sombre, angoissante, faite de terreurs et de questionnements…
Pour tout vous dire, je suis originaire de l’Est de la France, région où l’on fête dignement la Saint-Nicolas le six décembre par un grand défilé tout au long des rues. Si j’attendais avec impatience la venue de ce vénéré Saint, c’était bien sûr pour les quelques friandises qu’il ne manquerait pas de distribuer.
Pourtant au fond de mon cœur, une crainte plus grande rôdait : celle du Père Fouettard, cet être austère, vêtu de noir, au visage sévère encadré par une barbe hirsute, qui accompagnait toujours ce bon saint afin de châtier les garnements. Je craignais son long fouet, symbole de punition pour les enfants désobéissants. L’on disait de lui qu’il les emportait dans un sac que personne jamais ne retrouverait.
Tout cela n’était guère rassurant, d’autant que les adultes ne se privaient pas de raconter cette sinistre histoire du boucher concoctant son petit salé avec ces trois enfants égarés qu’il avait égorgés, puis soigneusement découpés !
Heureusement, le père Nicolas – pas avare de miracles – qui passait par là, avait découvert la supercherie et s’était empressé de reconstituer et ressusciter les trois bambins, au grand dam de l’artisan dont la punition désormais consistait à suivre comme une ombre ce brave ecclésiastique.
Quand Jésus apporte les cadeaux de Noel…
Cette frayeur passée – je n’avais pas été kidnappé – m’attendait une autre affaire me laissant dubitatif. La période de Noël pointant son nez, une grenouille de bénitier de notre entourage m’apprit avec forces détails que les jouets que j’allais recevoir étaient apportés par le petit Jésus !
S’ensuivait une sombre histoire d’exil des parents qui fuyaient un roi voulant les exterminer, pour enfin arriver, dans un dénuement total, au sein d’une pauvre étable et donner naissance à l’enfant.
Le brouillard s’épaississait, j’y voyais de moins en moins clair. D’abord, comment la cigogne qui distribue les nouveau-nés avait-elle retrouvé les parents dans ce coin perdu du désert ? Et puis, étaient-ils vraiment si pauvres alors que des rois leur apportaient mille présents ?
Enfin, par quelle astuce ce moutard dans la paille me livrait-il les cadeaux tant attendus ?
Le Père Noel, un gentil petit vieux
L’éclairage me vint grâce à ma jeune tante Apolline qui, bien que ne connaissant pas encore les vertus de la tisane écossaise pur malt, montrait déjà un caractère bien trempé et une tendance rebelle affirmée : « Rassure toi mon petit, toutes ces histoires sont des mensonges inventés par les rats d’églises pour faire peur aux pauvres gens et les tenir en esclavage ! Oublie ces bobards et sache que c’est le père Noël, un brave et gentil petit vieux, qui gère toute cette affaire ».
Depuis, j’ai cessé de croire au Père Noël, mais je serai toujours redevable à Apolline d’avoir semé les graines favorisant l’ouverture de mon esprit à la raison.
Alain Mouginet
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