Chronique en train: La trêve (peut-être)…

Humour satirique: France, pays de cultures…


Par Alain Mouginet, écrivain, ancien éditeur, demeurant sur le Bassin.



15/12/24



Je ne sais pas vous, mais moi ces derniers jours, deux informations ont attiré mon attention.

C’est d’abord, sur France Info l’interview prise au vol, d’une femme – jeune me semble-t-il – affectée à la culture, qui alertait l’auditeur sur la dégradation de ses conditions de travail et de sa rémunération, se plaignant de bosser plus de cinquante heures par semaine pour un salaire de misère. Diantre !

Était-elle consciente de sa position privilégiée par rapport à ses collègues agriculteurs/éleveurs, qui eux totalisent bien souvent plus de soixante-dix heures de travail hebdomadaire ?


Tendant l’oreille, je constatais ma méprise : en pleine crise politique, il s’agissait là d’une grève/manifestation des agents de la fonction publique, et cette femme boulonnait en fait dans la culture communale !

J’étais loin d’imaginer que dans la maison commune de nos villes, des soutiers assuraient dans l’ombre, et dans des conditions à peine imaginables, ce sacerdoce permettant aux administrés d’ouvrir leur esprit à de vastes horizons.

Bien que le nom de cette localité n’ait pas été cité, j’exhorte son premier magistrat à prendre en compte ces justes doléances ; La culture oui, l’esclavage non ! Ce travail de forçat n’est pas digne au pays des Droits de l’Homme.


SNCF: La bataille duraille…

C’est ensuite la première page d’un hebdomadaire qui titrait : «SNCF, la grève de trop ? ». Cette interrogation n’a pas manqué de m’étonner ; n’étions-nous point à l’aube de grandes migrations qui voient éclore une longue période de revendications ?

D’autant qu’en réalité la grève est profondément ancrée dans la culture de cette société, comme le commentait dernièrement un haut dirigeant du groupe : « En trois ans, il n’y a pas un seul jour où je n’ai pas connu une grève ; si vous avez par exemple quelques signaleurs qui s’arrêtent de travailler à Bordeaux, personne n’en parle dans la presse ».


Au petit bonheur, le tarif…

Et c’est ainsi que l’honnête travailleur, aspirant à des vacances bien méritées, décidera de partir en train retrouver les siens pour les fêtes de fin d’année et profiter d’un moment festif et familial. S’il sort indemne de la jungle labyrinthique des tarifs et enfin muni de son précieux sésame, il aura bien conscience des risques inouïs qu’il prend en choisissant ce moyen de transport pour son déplacement.

Mais cet homme solide, à l’esprit aventureux, n’ignore pas que cette société s’appliquera à faire le maximum pour lui réserver surprises et galères de qualité.


Les aventuriers de la France perdue…

Quelle désespérante routine, quel mortel ennui, quelle soporifique destinée qu’un voyage sans problèmes ou annulations, sans retards ou absence d’informations. Si tout va bien, notre passager aura peut-être la chance – si son train n’est pas annulé – de bénéficier d’une panne lui permettant un long et fastidieux détour dans un car confortable.

Dès lors, l’esprit au repos, notre heureux voyageur contemplera avec délectation la belle campagne française et ses petites routes sinueuses qui font le bonheur des vendeurs de sachets vomitifs. Il aura également l’opportunité de déguster quelques spécialités du terroir offertes par divers comités en lutte lors des nombreux arrêts aux barrages de pneus brulés ou déversement de fumier qui parsèmeront sa route.


Afin d’ajouter un peu de piquant à ce trajet, il n’est pas impossible que son bus soit également caillassé par quelques relents de gilets colorés au passage d’un rond-point.

Sa famille, inquiète et poireautant depuis des heures, accueillera avec chaleur et soulagement l’aventurier de retour au bercail. Lors du joyeux repas qui suivra, c’est admiratifs que les convives, pendus à ses lèvres, entendront le détail de ses incroyables péripéties.


Enfon, un conducteur de tracteur à Matignon…

Que notre globe-trotter se rassure, tout n’est cependant pas noir. L’insoutenable attente d’un nouveau chef du gouvernement vient de prendre fin ce vendredi treize par le grand gagnant du Loto, conducteur de tracteur palois, qui ne manquera pas de nous tracer un sillon bien rectiligne vers des lendemains qui chantent.


Alain Mouginet


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