Chronique d’une Assemblée (très) perturbée…
Humour satirique: Au bonheur de la IVème… et des accords à géométrie variable!
Par Alain Mouginet, écrivain, ancien éditeur, demeurant sur le Bassin.
15/08/24
Je ne sais pas vous, mais moi j’étais à deux doigts d’émigrer. En effet, après cette calamiteuse décision de notre bien-aimé président plongeant notre pays dans une sorte de catharsis politique, tous mes repères démocratiques ont fondu. Certains commentateurs parlent d’un coup de poker, c’est plutôt – avis d’impuissance – abandonner le navire en jouant tapis avec la démocratie et ramasser une déroute prévisible, résultat de la verticalité du pouvoir poussé à son paroxysme.
Une dissolution d’une obscure clarté…
Cette audacieuse résolution prise sans préparation ni consultation, mais en pleine méditation dans l’intimité du petit coin de l’Elysée, devait mener notre pays vers une éclatante clarification… métamorphosée depuis en obscure clarté.
Ensuite, ses interventions, comme la lecture de sa « Lettre aux Français » m’ont laissé perplexe. Ainsi personne n’avait gagné – ou tout le monde avait perdu, c’est selon – mais lui-même n’était strictement pour rien dans cette débâcle, par contre, il restait fidèle au poste malgré les vents contraires, tout en nous protégeant de la chienlit et en profitait pour nous prodiguer d’utiles conseils afin d’être à la hauteur du moment.
Tambouille parlementaire
Après cette lecture, ma chère tante Apolline, bougonne, eut cette réflexion définitive : « Peu me chaut mon petit, tout cela c’est de la tambouille, quant aux conseils, excuse moi mais c’est l’enclume qui apprend à flotter au caillou ! ».
Donc c’est Lui ou le chaos ! Allait-on assister au retour de la Terreur ? Avec au choix [rayer les mentions inutiles] : son cortège de révolutionnaires excités, avides de sang, déferlant dans nos campagnes ? Une marée prolétarienne communisto-trotskiste, couteau entre les dents, s’attaquant à notre capital ? Une armée de chemises brunes défilant au pas de l’oie, prête à un grand autodafé de mes livres préférés ?
La problématique du choix de l’exil salvateur
Face à ces périls, ma décision fut prise : « Moumoune, fais les valises, on part ! ».
Oui mais voilà, où aller ? Organiser la résistance à Londres ? C’est du déjà vu, et puis franchement, je ne survivrai pas à leurs saucisses replètes, leur innommable pudding ou autres agneaux à la menthe. Traverser l’atlantique ? Mais avec l’agité du bocal qui se voit déjà président, je risque une balle perdue. Il y a bien le Rwanda qui semble un îlot de stabilité, dirigé depuis trente ans par cet excellent Paul Kagamé, réélu avec 98,20 % des voix, ce qui confirme – s’il en était besoin – l’amour immodéré du peuple pour son dirigeant… C’est pourtant curieux, j’ai un mauvais pressentiment…
Reste bien sûr la Suisse, mais là, c’est ma pension qui n’y survivra pas !
Apolline, la chère âme, refusant de nous accompagner sous prétexte de veiller et préserver d’éventuels prédateurs notre collection de whisky écossais, a fini par me persuader d’abandonner cette idée ; la laisser seul
e dans ces conditions équivalait à un suicide. Donc je suis resté.
L’esprit boutiquier, solidement ancré…
Depuis – et à quelques rares exceptions près – j’assiste au triste spectacle de la médiocrité des débats. Notre classe politique est réellement désespérante de bêtise. Là où nous devrions faire cause commune face aux défis que nous impose le monde, prêcher l’unité et le désir de travailler ensemble, c’est l’esprit boutiquier qui domine avec des acteurs perdant le peu de crédit qui leur reste.
Les enchères démagogiques reprennent de plus belle, les discours fallacieux monnaie courante, les contre-vérités deviennent fonds de commerce. Chacun cherche à s’approprier un lambeau de cette pauvre république en haillons. Il est d’ailleurs cocasse de constater – entre autres – la position délirante de LFI revendiquant le pouvoir… avec 75 sièges au parlement sur 577 !
Finalement, la question n’est pas de savoir qui nommer Premier ministre… mais dans quel délai le couperet de la mention de censure fera capituler son gouvernement…
Alain Mouginet
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