Chronique d’un désastre pour l’économie…
Humour satirique: Le vélo, cette catastrophe économique… (mais pas pour la santé!)
Par Alain Mouginet, écrivain, ancien éditeur, demeurant sur le Bassin.
8/04/25
Je ne sais pas vous, mais moi je redeviens tout guilleret en ce début de printemps. Il faut vous dire que j’ai repris mes balades à vélo sur les pistes cyclables qui ceinturent le Bassin d’Arcachon. C’est vrai qu’ici nous bénéficions d’un magnifique ruban de bitume, avec, suprême luxe, une peinture fluorescente au sol permettant d’y voir plus clair dès la nuit tombée.
C’est un vrai bonheur de parcourir ces pistes, chaque coup de pédale est une expérience unique qui mêle nature, découverte et bien-être. Le vélo offre cette sensation de liberté incomparable, permettant de m’arrêter où bon me semble pour admirer la mer, respirer l’air iodé ou simplement profiter du calme de la forêt.
L’enfer, c’est les autres…
Certes, ces randonnées comportent quelques inconvénients. Le célèbre philosophe binoclard affirmait : « l’enfer c’est les autres »… et principalement ces chers touristes, peu habitués à pratiquer cette activité dans les brumes glaciales de leur région sous-équipée ! Dès leur présence, c’est la rocade aux heures de pointe ! Ça roule n’importe comment sans vérifier son environnement, ça s’arrête en milieu de piste pour discuter, ça ne gère pas leurs horribles moutards qui circulent d’une manière erratique. Sans compter les amateurs de trottinettes qui slaloment sans ralentir… Bref, il est grandement préférable de s’adonner à cette pratique tôt le matin quand cette engeance est encore au plumard !
« De quoi j’me mêle! »
Quelques surprises donnent du piment à ces périples : dernièrement, bloqué au stop par un flot de voitures, j’étais arrêté à hauteur d’une dame portant un casque à l’arrière du crâne, dont la visière baillait vers le ciel. Avec mon plus beau sourire, et bien poliment, je me suis permis de lui faire remarquer qu’en cas de chute, porter ainsi cette protection était plus dangereux que ne pas en avoir. Me fusillant du regard elle aboya « De quoi y s’mêle celui- là ! ».
Bon, une fois encore j’avais tout faux ; vouloir aider son prochain s’assimilait à vider le Bassin à la petite cuillère. Comme dirait le poète : « On est tombé bien bas, bien bas ». Je quittais rapidement cette harpie en souhaitant vivement – les Dieux Hermès ou Mercure me pardonnent – qu’elle se ratatinât rapidement dans un fossé accueillant.
Le touriste, cet inconscient…
Mais j’ai vu, de mes yeux vu, encore plus fort ! Arrivé derrière un couple, lui devant, elle suivant, pédalant de concert sur ces fameux vélos bleus de location, je fus intrigué par la position bizarre de l’homme sur son engin. Il tenait en effet son guidon de la main droite, le bras gauche, tendu vers le ciel, retenant dans le creux de sa main… la tête d’un nourrisson lové sur son avant-bras dans un équilibre instable ! Arborant un sourire béat, la dangerosité de cette situation ne l’interpellait manifestement pas.
Que dire face à un tel idiot qui s’efforce – sans mal d’ailleurs – à élever la connerie à un niveau stratosphérique ? Rien ! J’ai passé mon chemin en songeant à ce petit, bien malchanceux d’intégrer une famille de tels abrutis. Un examen sanctionne la délivrance d’un permis pour conduire… A quand une épreuve garantissant la responsabilité d’un géniteur ?
Les gens en bonne santé ne sont pas utiles à l’économie…
Donc, en résumé, la pratique du vélo est un exercice salutaire pour notre bien-être et la santé de la planète. Pourtant, à y regarder de plus près, tout ne semble pas si rose ; la lecture d’un article a en effet quelque peu refroidi mon ardeur.
En cause, l’interview du PDG d’Euro Exim Bank Ltd. Ce dernier a fait réfléchir les économistes lorsqu’il a déclaré :
« Un cycliste, c’est un désastre pour l’économie : il n’achète pas de voiture / il ne prend pas de prêt automobile / n’achète pas d’assurance automobile / n’achète pas de carburant / ni entretien ni réparations pour sa voiture / n’utilise pas de parking payant / ne cause pas d’accidents majeurs / ne nécessite pas d’autoroutes à péage / ne devient pas obèse.
Ils n’achètent pas de médicaments / ils ne vont pas dans les hôpitaux / ils ne vont pas chez les médecins / ils n’ajoutent rien au PIB du pays. Au contraire, chaque nouveau point de vente McDonald crée au moins :
30 emplois / 10 cardiologues / 10 dentistes / 10 experts en perte de poids.
Choisissez judicieusement : Un cycliste ou un McDonald ? Ça vaut le coup d’y penser. Quant à la marche, c’est encore pire, ils n’achètent même pas de vélo. »
Alain Mouginet
(Illustration généré par IA)
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