Chronique d’un secoué du bocal (de céréales…)
Humour satirique: Prolétaires de tous les pays, Kelloggez-vous !
5/03/24
Par Alain Mouginet, écrivain, ancien éditeur, demeurant sur le Bassin
Je ne sais pas vous, mais moi je suis très admiratif de certains patrons de sociétés. Pourtant, des esprits chagrins voudraient nous faire croire que ces entrepreneurs, au cœur de pierre, n’ont pour préoccupation que la fructification de leur montagne d’argent, que leur principale activité consiste à se vautrer dans un luxe tapageur en ignorant totalement les besoins des classes laborieuses.
Cette vision manichéenne et caricaturale du patron bedonnant affublé d’un gros cigare est bien loin de refléter la réalité du terrain. Car bon nombre d’entre eux, conscients qu’ils sont particulièrement privilégiés, n’en sont pas moins attentifs à la misère de leurs contemporains.
Illustration IB / Générée par IA
Chez Kellogs, cé…réaliste!
C’est le cas notamment du dirigeant de la Kellogg’s Company, homme d’une humanité débordante, qui, sans relâche, cherche une issue pour mettre fin à la souffrance de ceux qui n’ont pas eu la chance d’être bien nés.
Sa dernière idée va ainsi permettre à tous les indigents et misérables qui parsèment notre planète d’enfin manger à leur faim, en s’enfilant chaque soir au dîner – comme il le suggère – un bol de céréales (Kellogg’s bien entendu).
Le cher homme précise, je cite « Si vous réfléchissez au prix des céréales pour une famille, comparé à ce qu’elle pourrait manger d’autre, c’est bien plus abordable. Un bol accompagné de lait revient à moins de un dollar ». Sa directrice du marketing enfonce ainsi le clou : « C’est également une bonne option pour passer moins de temps à cuisiner et nettoyer, et plus de temps avec ceux que vous aimez ».
Les céréales , ça remplace tout ! L’alcool, la viande, et même le sexe…
Il faut reconnaître que la bonté et la charité sont chevillées au corps de cette entreprise depuis sa création. C’est en effet dans la deuxième moitié du XIXème siècle qu’un chirurgien – le docteur John Harvey Kellog – membre de l’Eglise adventiste du Septième jour, fondateur de la « Conférence pour l’amélioration de la race » a créé par hasard, en loupant une recette, les célèbres corn-flakes.
Cet homme très pieux, qui vouait sa vie au bonheur de ses contemporains, prônait une rigueur morale sans faille où l’alcool était banni, proscrivait toute consommation de viande, sachant que cette nourriture stimulait fortement l’appétit sexuel et prêchait pour une abstinence totale.
Bien que marié, il se flattait de n’avoir jamais consommé son mariage (l’Histoire ne dit pas ce que pensait sa femme…).
Ca guérît même de la masturbation…
Pour lui, un régime alimentaire sain et fade contribuait à une hygiène de vie permettant de rester à l’écart des passions pécheresses. Ainsi, il préconisait un régime strict de corn flakes permettant – entre autres – de guérir de la masturbation qu’il considérait comme « le plus dangereux des péchés contre-nature », cause principale des cancers et de l’épilepsie. Bon, depuis, les mentalités ont quelque peu évolué…
Un espoir pour les mécréants
Loin de ce temps béni, chaque petite famille nécessiteuse aura désormais le bonheur de se retrouver à la table familiale, devisant joyeusement devant son bol débordant de succulentes céréales.
Quant aux damnés de la terre, gueux esseulés abandonnés de tous, ils retrouveront l’espérance en entonnant en chœur cet hymne joyeux :
« C’est la lutte finale
Groupons-nous et demain
Notre bol de céréales
Assouvira notre faim ! »
Alors, elle n’est pas belle la vie ?
Alain Mouginet
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