Motard un jour, motard toujours…
16/01/16
Les visions d’Audignon : La Motard Attitude…
Collaborateur du très regretté Pierre Desproges, fournisseur de sketches pour l’émission TV culte « Merci Bernard » de Jean-Michel Ribes sur FR3 à l’univers kitch et décalé, Correcteur à Sud Ouest, et auteur de fables décapantes, Jean-Marie Audignon, habitant de Gujan-Mestras, a des visions sur InfoBassin… Bienvenue !
Michel Lenoir, Directeur de Publication.
Le motard est né rebelle. Il a grandi mécontent, est aujourd’hui en colère. Demain, il sera furieux.
En 1975, le motard a eu les boules grave : on voulait l’obliger à allumer ses codes le jour. De manif en manif, il a fini par plier. Quelques années plus tard, on a voulu imposer la même chose à l’automobiliste. Qui ne s’est pas vraiment révolté.
Mais le motard, qui avait pris goût à rouler illuminé au milieu de la grisaille, a eu les boules grave.
Car le motard est un être libre. Il n’a que faire de l’autorité publique : quand il roule, piétinant les vitesses autorisées et conchiant l’automobiliste, il accède à une joie profonde. De plus, le motard fait corps avec sa motocyclette.
Motards de pères (mères) en fils (filles)
Les petits du motard piaffent d’être motards eux aussi (en attendant, ils sont de mauvaise humeur). Car le motard se reproduit : après s’être connus, et plu, dans une concentration, le motard et la motarde se jurent amour et fidélité.
Puis ils s’éloignent dans un buisson pour faire des petits. Qu’on appellera des moutards
Motard et solidaire
Le motard est solidaire des autres motards. Et réciproquement. Il a sa FFMC (Fédération française des motards en colère). Il a sa mutuelle (la Mutuelle des motards, « créée par des motards pour des motards »). Quand un motard rencontre un autre motard, ils se racontent des histoires de motards.
L’être-motard transcende les classes sociales. Patrons, ouvriers, chômeurs, artisans, cols blancs se retrouvent, coude à coude, au sein de concentrations où la Harley et la BM hors de prix voisinent avec la bécane du sans-emploi. C’est sympa.
Le motard a le pied sur l’accélérateur et le cœur sur la main. Il participe au Téléthon, aux Restos du cœur, il lutte contre la sclérose en plaques, et, accessoirement, le rhume des foins.
Motard et urbanité
Le motard est pieux. Il croit en un dieu des motards. Le mois de mai venu, il se rend à la Bénédiction des motards. Un abbé des motards y asperge d’eau bénite l’homme et la machine.
Rassuré, le motard boit une bière et rentre à la maison.
Parfois ombrageux, le motard n’est pas dépourvu d’urbanité. Chaque fois qu’un automobiliste se range prudemment sur le bas-côté pour le laisser passer, le motard, en remerciement, effectue joliment un plié/déplié de sa jambe droite, geste qu’il multiplie à foison dans les embouteillages.
Et c’est ainsi que, perclus de politesse, le motard, une fois descendu de sa motocyclette, marche en canard…
Jean-Marie Audignon
Retrouvez l’auteur de cet article sur sa page FB, ici
C’est gratuit