Des livres de terroir que vous allez aimer…
Littérature : Un roman de terroir façon Pagnol et un reportage dans la foret d’Arcachon en… 1891
30/10/19
“Le coeur salé des Grandes Roches”, de Florent Massias
L’histoire
S’il est des lieux bénis de l’enfance sur lesquels s’ancrent et se fondent nos existences, indéniablement les Grandes Roches sont de ceux-là.. Lorsque ses grands-parents décèdent, pour Bastien, c’est aussi l’âme de ce lieu-dit charentais qui menace de s’évanouir.
Elle est loin l’époque du concours de pêche aux crabes le 14 juillet, des plongeons dans la Seudre depuis les chalands amarrés au ponton du port de Chatressac, ou encore des pique-niques dans les sous-bois de La Palmyre.
Eclipsée par une carrière insidieusement accaparante. Dissoute parmi les vieux souvenirs, comme l’eau s’évapore des marais salants.
La disparition de ces êtres tant chéris est pour Bastien un choc, un révélateur.
Il prend le premier train, direction les pinèdes et les vignobles de ses vertes années. En terre bordelaise, s’engage alors un voyage hasardeux, aux rencontres inattendues, et une mission pour le jeune homme : tenir une promesse faite à sa grand-mère avant sa mort…
Ce qu’on en pense
Voici un joli roman, teinté de Pagnol dans les descriptions de l’enfance au pays des grand-parents, et la curiosité naturelle des mômes. Ici pas d’assassinat, ni de lieutenant de police, mais le mystère de Majorana revient régulièrement titiller le lecteur. On suit volontiers le narrateur dans ses amours contrariées, ou lors de rencontres inattendues et structurantes dans ce retour aux sources vers le Lycée Pape Clément.
Même si les grandes roches se situent plus au Nord dans une autre région ostréicole, difficile de ne pas établir un parallèle avec le Bassin.
Florent Massias, ingénieur d’affaires, marié avec 3 enfants, après avoir roulé sa bosse, s’est fixé à Belin-Beliet, et nous livre ici une parenthèse de bonheur.
Mais l’air de rien, cette plume trempé dans l’humain, nous amène à réflechir sur notre propre vie, ce que nous en faisons et sur notre place dans la société. La rédemption n’est pas loin…
Un livre à déguster et à mettre aussi entre les mains des jeunes ados.
IB Pratic : “Le coeur salé des Grandes Roches”, de Florent Massias, 17€, disponible en librairie ou en commandant à l’éditeur directement ici. Pour mieux connaître l’auteur, voir son blog fmassias.blog4ever.com/ ou sa page FB facebook.com/massiasflorent
Dans la foret d’Arcachon : Un reportage sur les résiniers écrit et illustré en… 1891, par Paul Kaufmann
L’histoire
À la fin des années 1980, les derniers résiniers disparaissaient de la forêt landaise…
Un siècle plus tôt, l’activité était encore intense, et de nombreuses familles vivaient de la récolte de la gemme. C’est cet univers, que Paul Kauffman découvre au coeur de la piñada qui borde le bassin d’Arcachon, en 1891.
Le journaliste alsacien, artiste et illustrateur prolifique, fait alors connaître ce métier aux lecteurs de la revue Le Tour du Monde, ainsi que les beautés de la vaste forêt gasconne.
De sa plume, il rédige un remarquable témoignage sur cette activité et, de son pinceau, il réalise de superbes paysages et de très beaux portraits des femmes et des hommes qui contribuèrent à la richesse de la région, et dont le souvenir n’a jamais vraiment quitté la pinède.
Ce qu’on en pense
Le Bassin a la chance d’avoir parmi de nombreux amoureux des belles histoires et de la littérature un éditeur à l’humour décalé et à l’histoire sociale qui mérite le détour : Fred Morisse, créateur des éditions « Le Bas du pavé ».
Il a l’art de dénicher des ouvrages et des témoignages oubliés sur la vie d’autrefois.
Ce reportage est le témoignage sincère d’un journaliste qui prit le temps de vivre au contact des résiniers.
Dans cette machine à remonter le temps, on assiste à la dure vie des gens simples sur le Bassin, leurs difficultés mais aussi leurs moment de joie comme lors d’un mariage par exemple.
On retrouve des gestes et des outils aujourd’hui disparus ou accrochés dans les musées. Et l’ouvrage est illustré de très instructifs dessins, réalisés par le journaliste/narrateur.
Cette plongée dans la fin du 19e siècle, ce rappel des racines vivantes ravira les amoureux du Bassin. Un cadeau original à (s’)offrir : la(re)découverte d’un autre monde, disparu à jamais…
Extrait
« Il nous fallait parcourir dans la grande forêt des routes et des chemins à peine tracés au milieu des fougères, des genêts et des pins grimpant à pic les dunes formées d’un sable fin et mouvant […], rencontrant mille surprises au milieu des paysages charmants formés par les lettes ou vallées, descendant, puis remontant encore à pic le flanc d’un escarpement sablonneux, au sommet duquel nous trouvions une échappée de vue rapide et enchanteresse sur le bassin d’Arcachon et l’océan. […] Le nouveau, l’inconnu que je cherchais et que je désirais, je le vis paraître sous la forme d’un bonhomme mince, petit, d’un aspect plutôt malingre,[…] sa main était armée d’une sorte de hache recourbée. C’était un résinier… »
IB Pratic : « Dans la foret d’Arcachon. Un reportage sur les résiniers écrit et illustré en… 1891 », par Paul Kaufmann, aux editions Le Bas du pavé, 112 pages et de nombreuses illustrations de l’auteur. Prix 10 €
Disponible dans les points de vente suivants Librairie des Marquises, Arcachon / Maison de la Presse, La Teste / Tabac de l’Eden, Gujan-Mestras / Vival, Gujan-Mestras / Tabac-Presse JPN, Audenge / Librairie l’Oasis, Petit Piquey – Lège-Cap-Ferret / Maison de la Presse, Arès / La librairie Générale, Arcachon / FNAC, Biganos , et sur commande sur lebasdupav.fr .
NB : Fred Morisse a aussi publié dans la même veine « Un voyage au Bassin d’Arcachon-Le sahara de la France », un ouvrage drôle et dont nous avons déjà livré une critique ici. On attend le prochain opus de cet éditeur avec gourmandise…
Il édite des auteurs contemporains, dont les textes s’adressent aux enfants et aux adultes à têtes chenues, chauves ou ébouriffées, et réédite également des textes anciens qui témoignent de l’Histoire et des luttes sociales, afin d’entretenir la mémoire, celle des femmes et des hommes auxquels était réservé… le bas du pavé.
Michel Lenoir
C’est gratuit
