L’édito : Didier Lallement, préfet couillu…
L’Oeil au Beurre (de Le)noir…
Didier Lallement, un préfet à poigne, apprécié des écolos, détesté par les maires du Bassin d’Arcachon
N°2 du 12/01/19
Un homme à poigne
Une anecdote peu connue illustre la haute idée que Didier Lallement a de sa fonction : Fraichement nommé directeur de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) en 2007, lors de son premier Comité technique paritaire avec les syndicats, il interpelle un de ses arrogants Directeurs de services qui prenant la parole en l’appelant « M. le Directeur général », se voit coupé et interpelé : « M. Le Préfet, s’il vous plait ».
Ca vous a calmé tout ce petit monde, rapido.
Les cadors de cette administration, au garde à vous, étaient dans leurs petits souliers… Puis il devint Secrétaire général du Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer. (Voir son CV ici)
Le cauchemar des élus du Bassin
Diplômé de l’Institut supérieur de gestion (ISG), titulaire d’un DESS d’administration et gestion des collectivités locales, et ayant accompli sa carrière entre les postes ministériels et la préfectorale, il ne s’en laisse pas conter par les élus du Bassin, et est devenu leur cauchemar.
Conseiller maître, et président de section à la Cour des comptes avant sa nomination à Bordeaux par le gouvernement, peu enclin aux interviewes, il avait déclaré néanmoins devant la presse en décembre 2017 : « J’ai contribué à l’émergence d’un puissant ministère de l’écologie, afin que celui-ci soit équivalent au ministère de l’intérieur car c’est une absolue nécessité (…). Nous avons connu une relative stabilité des phénomènes climatiques, ceux qui arrivent après nous seront confrontés à des phénomènes différents, plus violents. Nous sommes une génération qui constate de visu le changement climatique », citant la disparition des insectes et de la faune, et l’érosion du littoral.
Un fidèle soldat de l’Etat aux commandes de la Préfecture de région
Ce fidèle soldat de l’Etat, entend faire respecter la loi sur le Bassin. Rien que la loi, mais toute la loi, notamment en matière d’urbanisme. Alors évidemment, ça grince autour de la petite mer de Buch.
M. Lallement n’hésite pas à refuser les demandes d’urbanisations à La Teste, Lanton, Lège Cap Ferret, Gujan, au Barp, à casser les petits arrangements sur les permis de construire, ou à sanctionner les campings de la Dune ayant procédé à des aménagements sans autorisation.
En attendant le prochain SCoT
Depuis que le Schéma de Cohérence Territoriale (ScoT) du Bassin qui s’impose aux PLU, a été cassé par le Tribunal administratif pour non conformité, les communes sont tenues de demander des dérogations au préfet pour ouvrir des zones d’urbanisation, lors de l’élaboration ou de modifications de leur PLU.
Or selon l’article L.142-5 du code de l’urbanisme , ces dérogations ne peuvent être accordées que « si l’urbanisation envisagée ne nuit pas à la protection des espaces naturels, agricoles et forestiers ou à la préservation et à la remise en bon état des continuités écologiques, ne conduit pas à une consommation excessive de l’espace, ne génère pas d’impact excessif sur les flux de déplacements et ne nuit pas à une répartition équilibrée entre emploi, habitat, commerces et services ».
Le Préfet a donc considéré après avis des services de l’Etat que ces conditions n’étaient pas remplies pour accorder les dérogations, tant attendues par les mairies.
Et sa stratégie est simple : Pousser les élus à se remettre au travail dans les règles, à accélérer la modification puis la mise en place du SCoT du Bassin.
Un voeux des maires, non formulé à la population : Lui trouver un chemin vers la sortie…
En ce mois de janvier c’est la symphonie des voeux municipaux à la population.
Si plusieurs élus du Bassin ont publiquement regretté fortement de ne pouvoir urbaniser leur ville dans l’intérêt d’un développement nécessaire, ils ont gardé pour eux, le plus important : Lui trouver un chemin vers la sortie, pour aller exercer ses talents ailleurs…
Mais malheureusement pour eux, ils avaient apporté un soutien remarqué aux candidats Sarkozy, puis Fillon à l’élection présidentielle.
Et là, ils n’ont pas encore réussi à trouver le relais nécessaire et les arguments pour le pousser discrètement dehors.
Quant à la député LREM Sophie Panonacle, reçue comme un chien dans un jeu de quille par les barons locaux après son élection, elle se garderait bien d’intervenir en leur faveur dans cette histoire.
Une idée de l’insurrection
Coté décorations, il a un joli tableau qui illustre son passage apprécié dans les différents ministères et services de l’Etat : Officier de la Légion d’honneur, Commandeur de l’ordre national du Mérite, Officier des palmes académiques, Officier du mérite agricole, Chevalier des arts et des lettres, Chevalier du mérite maritime, Médaillé de l’aéronautique, Médaillé d’or de la jeunesse et des sports, Médaillé d’or de l’administration pénitentiaire, Médaillé de la protection judiciaire de la jeunesse…
Concernant le mouvement des Gilets jaunes, il a exprimé sa pensée sans détour lors des vœux aux Corps constitués à la Préfecture : « La démocratie ne peut pas être la révocation des mandats, la destitution, pour la simple envie d’exprimer un ras-le-bol ou une colère…/… L’insurrection n’a jamais été et ne sera jamais une garantie démocratique et ses théoriciens de l’avant-garde éclairée jusqu’à la révolution culturelle ont plutôt été des fossoyeurs des libertés que leurs promoteurs… »
Serviteur de l’Etat, on vous dit !
Mais M. le Préfet Lallement n’avait que 11 ans en mai 1968…
A suivre… et à dimanche prochain pour un nouvel « Oeil au Beurre (de Le)noir »…
Michel Lenoir
Illustration : Copies écran internet
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