La France d’avant: Un coq hardi…
Début des années 60 : Histoire d’un coq… très combatif!
9/04/25
Ah, la France d’avant! InfoBassin propose une série d’articles sur l’histoire du temps jadis, sur le Bassin et ailleurs…
Nous poursuivons avec le témoignage de Joel Laine, Lantonnais qui passa son enfance dans le Borinage. C’est un peu d’exotisme du pays des Hauts de France, qui évoquera aussi des souvenirs pour les habitants des autres régions…
Michel Lenoir, directeur de publication
Ecouter en 3 mn le podcast, de cette histoire racontée par Joel Laine, ici !
Bien entendu, les combats de coqs, vieille tradition du Nord, étaient interdits depuis quelques années déjà à ce moment-là. Ces animaux sont d’une variété particulière : de taille nettement supérieure à celle du coq commun son élevage, quant à lui, n’est pas interdit. En effet, la ménagère pouvait ainsi le cuisiner pour un nombre plus important de convives. Leur élevage imposait cependant qu’ils soient séparés du reste de la basse-cour et, évidemment, séparés entre eux. Chez mes grands-parents ils disposaient d’un petit enclos individuel.
Mon grand-père, au retour du travail et après « qu’il avot bu eun t’chiot’ jatte » (après avoir bu un café) faisait le tour de son jardin (même l’hiver, bien sur) puis visitait et nourrissait ses pigeons de compétition et, enfin, le poulailler. Ma grand-mère avait déjà ramassé les œufs et donné les déchets de légumes plus tôt dans la journée.
La casserole, outil multifonction…
C’est à l’aide d’une vieille casserole maintes fois réparée qu’il puisait le grain dans la réserve constituée d’un grand fût métallique. D’un geste ample, digne du geste auguste du semeur, il répandait le grain au sol. Il passait ensuite dans l’enclos de chacun des coqs, toujours équipé de sa casserole. Enfants, nous n’étions alors plus invités à l’accompagner auprès de ces gallinacés agressifs presque aussi grands que nous.
Ces coqs, de grande taille, avaient des cuisses puissantes leur permettant, lors de leurs combats, des sauts impressionnants. Ils avaient de plus un caractère fortement agressif, tout au moins entre eux. Mais, ce jour là, l’un d’eux se montra dangereusement menaçant envers mon grand-père. A deux reprises, il lui sauta au visage. A deux reprises, il fut repoussé d’un geste du bras. Mais, à la troisième attaque, mon grand-père, excédé le reçut d’un grand coup de casserole sur le crane. La crête en défaite le vaillant combattant se retrouva étalé au sol, K.O. pour le compte.
Le coq KO !
Ce fut le lendemain matin que l’on dû constater que le coq était toujours étalé au sol. C’est que le coup de casserole avait été terrible : habitué à enfoncer des « pointes » (clous) de 120 ou 180 (12 à 18 cm) en deux à trois coups de marteau, la puissance de sa défense avait été proportionnelle à son courroux !
Déclaré mort, le coq fut promis à la cuisine, destiné à régaler toute la famille le dimanche suivant. Une fois plumé, il fut entreposé dans la fraicheur de la cave, mais…
La résurrection
Au cours de la nuit, des bruits étranges réveillèrent la maisonnée. Le grand-père, n’écoutant que son courage, sauta hors du lit pour faire face à cet étrange danger inconnu jusqu’alors. A pas de loup il se mit à progresser prudemment au travers de la maison. Le bruit se rapprochait, en provenance de la cuisine. La porte une fois ouverte sans bruit, il put constater qu’il… n’y avait rien. Le bruit venait de la cave.
Il entreprit la descente pour constater.. que le coq était ressuscité mais, sans ses plumes !
La fin du combat a dû être homérique, nous ne l’avons jamais su.
Mais le coq a fini, délicatement cuisiné, dans nos assiettes !
Joel Laine
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