Quand la température chute, les media chauffent…
21/01/17
Il était une mauvaise foi(s) : Dans les média, le froid est devenu anormal…. en hiver !
Vous avez certainement remarqué, une terrible vague de froid venue de Scandinavie frappe notre pays depuis quelques jours. Quoi de plus normal en janvier de lire autour de -5°C sur son thermomètre.
Mais dans notre société aseptisée où l’homme croit tout régenter, ce froid vif semble être étonnant voire illégitime. D’abord pour les personnes qui le subissent et surtout d’après les médias dont le fond de commerce est le catastrophisme ambiant.
C’est à celui qui surenchérira le plus au niveau des titres avec « froid « polaire » ou « froid Sibérien » ou « on n’avait jamais vu une telle vague glaciale (depuis 2012) lu dans le Parisien ». Du jamais vu… depuis 2012 !
La télévision diffuse son lot habituel de marronniers : comment se protéger du froid (en se couvrant au cas où ça ne vous serait pas venu à l’esprit), quelle nourriture doit-on privilégier ? Faut-il laisser sortir les enfants dans la cour à la récréation ? On en passe et des plus gratinées.
Bien sûr, on oublie les froids du passé d’abord parce que ça fait vieux. Passe encore celui de 2002 ou de 1996 mais rarement celui de 1985 où il a fait -16°C à Bordeaux et jusqu’à -25 ailleurs. Quant à évoquer celui du 31 janvier 1956 où il avait neigé abondamment sur le Bassin et où on faisait du ski cours de l’Intendance à Bordeaux, il n’en est pas question pas plus que celui de l’hiver 1954 où plusieurs personnes étaient mortes de froid dans la rue.
-13°C devient -29°C (en ressenti) …
Pour être davantage anxiogène, on annonce maintenant la température ressentie qui soustrait grosso modo environ 1 degré par 10 km/h de vent.
Le quotidien La Montagne annonçait dans son édition du mercredi 18 janvier -29°C au sommet du Puy de Dôme. En fait, c’était -13°C mais à cause du vent, la température ressentie était de -29°C. C’est plus vendeur, coco !
Cette vague polaire semble bien modeste par rapport à celles du passé mais à cette époque, les médias n’étaient pas aussi omniprésents et ne pratiquaient pas la surinformation pour faire de l’audience.
Je revois cette jeune journaliste d’une chaîne télé, devant une gare (c’est la mode de mettre les journalistes dehors) déclarer qu’avec -5°C, « il faisait un froid de Sibérie« . Un pays où elle n’a certainement jamais dû mettre les pieds et où dans la journée, une radio annonçait qu’il y faisait-38°C (mesurés). Une température assez chaude, parait-il, par rapport aux -50°C, fréquents.
En fait, notre société médiatique ne tolère plus le tolérable.
Alors, à quand des articles pour s’étonner que l’eau mouille et que la nuit, il fait noir ?
Patrice Vergès
Journaliste, romancier (page FB ici)
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