Histoire du Bassin : Les peches d’hier par les gens d’ici…
Vie d’avant sur le Bassin d’Arcachon : La pêche au fil du temps…
InfoBassin propose une série d’articles sur l’histoire du Bassin, avec Joel Confoulan, Président du Conservatoire Patrimonial du Bassin d’Arcachon Pays de Buch.
6/11/20/20
Le Bassin: une corne d’abondance… passée
On va exclure de suite la pêche aux canards, ce serait hors sujet ! Car les canards se pêchaient au filet tellement ils formaient de véritables nuages. On remplissait les barques de canards… qui ne riaient plus.
Mais il est nécessaire aussi de rappeler dans cette rubrique les nombreuses espèces qui ont hélas disparu à cause de la surpêche dans tout ou partie du Bassin ou sont en voie de disparition alors qu’elles existaient à foison au début du XXe siècle : les coquilles Saint-Jacques, les ormeaux, les praires, les belons, les pétoncles, les pibales, les tourteaux, les anguilles, les palourdes, les crabes, les couteaux, les baleines, les sardines…
Aujourd’hui des alertes nous préviennent de nouveaux risques irréversibles de disparition et les mesures adaptées ne sont pas prises…
Comment se pratiquaient les premières pêches ?
A la main, au filet ou nasses, avec des outils : des piques.
A la main, c’était le ramassage, la cueillette des huîtres sauvages : la gravette, huître plate ou belon en Bretagne. Rabelais évoquait les huîtres de Buch. Au Moyen-Âge, on ramassait encore l’ambre gris des baleines (sécrétions gastriques utilisées pour fixer les parfums ou en cuisine). Les coquillages : la palourde ou coutoyes en utilisant des patins en bois pour ne pas s’enfoncer dans la vase.
La pêche aux cordeaux ou aux palangres pour la pêche à pied. Cela consiste à tendre entre deux piquets ou deux ancres, à marée basse une ligne (de fond ou semi flottante) en travers d’une baïne ou le long de chenaux découvrant. Puis d’aller les relever à la marée basse suivante.
Pêche au lamparo ou au flambeau : un feu est allumé à l’avant du bateau avec des pignes et galips et les poissons sont attirés et piqués avec une foëne en fer.
La pêche aux balais permet d’attraper des crevettes dans des fagots de brande au-dessus des herbiers.
Les premiers filets étaient en cordelettes de laine tressée ou avec des roseaux tressés.
La spécificité des réservoirs à poissons
Ces réservoirs ont été initiés par le Marquis de Civrac pour y exploiter des marais salants dans un premier temps. Les ouvriers ont vite aperçu les alevins qui rentraient quand les écluses étaient ouvertes pour charger en eau les bassins. On appelle ces manœuvres faire boire et déboire.
Quand le Marquis a fait faillite pour diverses raisons (taxes et concurrence des Charentais), la solution de développer davantage la pisciculture s’est imposée. Par la suite, c’est tout autour du Bassin que se sont multipliés les réservoirs à poissons qui permettaient d’avoir du poisson même l’hiver et par les temps mauvais, surtout avant la semaine Sainte. De La Vigne à Piraillan, Le Four, Arès, Andernos, Lanton, Audenge, Le Teich et Gujan-Mestras.
La pêche avec différents types de filets
Les premières mentions de l’existence des pinasses ou tilloles datent de 1552. On pêchait déjà la sardine ou les Royans. Masson du Parc a décrit ces pêches avec des filets déjà sophistiqués, la trayne ou trahine, au trimalhs ou au palet ou courtine (filet labyrinthe.)
La grande pêche ou péougue pour attraper les turbots, grondins, soles, barbues etc. se pratiquait avec des chaloupes non pontées avec un équipage de 13 hommes aux avirons et à la voile. Plus tard avec des grandes tilloles ou pinasses.
Pêche au verveux : un filet arrondi avec des entonnoirs empêchant le poisson, surtout l’anguille, de revenir en arrière.
Pêche à la senne ou à la traïne, filet de parfois 250 m env. monté sur des bras en bois qui mobilisait plus de 10 pêcheurs dont les plus hardis allaient au large et revenaient en tirant l’extrémité de retour.
Il y avait 500 marins env. en 1815. Puis 687 marins en 1834. Un millier en 1836 selon David Allègre.
Qu’est-ce qui a provoqué une révolution dans la pêche ?
A partir de 1860, la manne de l’ostréiculture et le développement de la flotte des chalutiers à vapeur va faire changer de cap les marins familiaux vers des lointains horizons.
C’est David Allègre qui va initier ce nouveau moyen révolutionnaire de la pêche grâce à son « Turbot » en 1837 (28 m de long par 4,30 m de large). Cela faisait suite au grand naufrage de 1836 où ont sombré 6 chaloupes faisant 78 morts.
Avec ces bateaux, les équipages souvent bretons, partaient plus loin au large et pour certains à Terre Neuve pêcher la morue.
NB : Pour les connaisseurs : voir l’excellent ouvrage de l’APTRA de Jean-Pierre COLIN -2013 : « Carnet de visite du port de La Teste-de-Buch »
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Joel Confoulan
Illustrations :
-Photos extraites du site du Conservatoire Patrimonial du BARVAL ou de l’ouvrage ‘’Histoire et Patrimoine des 17 communes du Bassin d’Arcachon – Val de l’Eyre » ou des diaporamas des conférences de Joël Confoulan
-Autres photos : copies écran internet
Plus d’infos sur le site conservatoirepatrimonialbassinarcachon.fr, ici.
C’est gratuit