Le Bassin au temps de Louis XIV… Embarquez dans l’histoire ! (1/2)
Histoire (vraie) : Le Bassin d’Arcachon, décrit par l’ingénieur géographe Claude Masse, à la demande du Roi Louis XIV (1ère partie)
1/07/18
Le Bassin a son histoire. Et les membres de la Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch la content fort bien. Ils éditent une revue régulière à laquelle vous pouvez vous abonner. C’est passionnant, et nous leur ouvrons nos colonnes…
Michel Lenoir, Directeur de Publication
Le besoin d’un tracé exact des côtes du royaume…
Bien connaître la physionomie de son pays est une évidente nécessité pour Louis XIV, la priorité est d’en bien connaître les frontières, en particulier celles de l’exact tracé de ses côtes.
Il est indispensable d’en avoir une parfaite vision afin de fortifier ou de renforcer la protection des points ou secteurs les plus vulnérables.
Louvois crée le comité des fortifications dont Vauban sera le commissaire général et organise le corps des ingénieurs du Roi, officiers de l’armée en charge des ouvrages militaires dont ils sont les architectes.
Mais ils sont aussi les topographes et les cartographes des premières cartes établies à grande échelle. Ils vont recevoir en 1734, le titre d’ingénieurs géographes.
Claude Masse, l’infatigable
Le premier d’entre eux par la quantité et surtout la qualité incroyable de ses travaux s’appelle Claude Masse (1652-1737). Ses deux fils, François et Charles- Félix, eux-mêmes ingénieurs géographes l’ont souvent aidé. Ce dernier a vu le jour à La Rochelle, et est mort à Salles, en 1786.
Claude Masse commence à lever les cartes du Médoc en 1688, en tant que dessinateur de l’ingénieur général Ferry. Pour les dresser, il établit en 1701, un plan d’ensemble pour donner une idée de la carte générale. Il la divise ensuite en 21 quarrés représentant chacune « 16 moyennes lieues quarrées de France » (environ 16km2).
« Aucun ingénieur n’a exécuté autant de travaux d’une aussi remarquable perfection » affirment les historiens militaires en parlant de Masse.
Au sujet des quarrés qui concernent le Médoc et le Pays de Buch, en particulier le 6e, l’historien Hautreux assure que : « c’est le document le plus ancien et le plus exact que l’on possède sur le Bassin d’Arcachon ».
Le « fameux » quarré n°6 représentant la Mer du Havre d’Arcachon qui s’ouvre sur la Mer Océane et sur lequel on voit une partie du Pays de Buch et du Captalat
Il est vrai que Vauban avait adressé des instructions très précises pour la réalisation des cartes : échelle, relevé exact des villes, bourgs, villages, hameaux, rivières, bois, chapelles, croix, moulins, gués, ponts… ainsi que l’utilisation d’un papier et de coloris bien définis.
Les travaux sur le terrain s’effectuent au printemps et à l’automne car les chaleurs lourdes, pas plus que le froid vif, ne sont compatibles avec les marches à pied, à travers les champs, les landes et les bois, pour prendre les mesures d’un point à un autre.
Dans un mémoire de 1822, Masse précise qu’il a « un cheval pour monture, un autre pour ses bagages et ses instruments; qu’il emmène toujours avec lui un jeune homme pour l’aider à faire ses alignements et pour porter son demi-cercle et sa boussole ». Il ajoute qu’il a besoin aussi de « deux manœuvres pour conduire et traîner la chaîne (d’arpenteur) et un autre pour porter une double toise et les autres gros instruments. »
Cet équipage ne peut se passer de la présence d’un valet pour s’occuper des chevaux. C’est dans ces conditions que la carte levée sur le 6e quarré est adressée à la Direction du département des fortifications des places de terre et de mer, le 25 mai 1708.
Chacun a son poste
Chaque personne exerce une fonction bien définie : relève des alignements, tenue des jalons, vérification des niveaux du graphomètre, calcul des distances avec la chaîne d’arpentage, mise en œuvre et calcul de la triangulation et enfin levé topographique des plans.
Elle est accompagnée d’un mémoire manuscrit (n° 45) rédigé à La Rochelle où Masse réside et où il met en forme, entre deux campagnes, les données recueillies sur le terrain. Elles sont basées sur les observations prises en notes et prennent la forme de rapports officiels destinés à ses supérieurs hiérarchiques.
Il y décrit le pays, ses habitants, leur mode de vie, les villages et les curiosités géographiques qu’il a rencontrées et parfois aussi ses impressions personnelles. Masse ne les écrit pas tous, laissant le soin de le faire à ses secrétaires mais probablement aussi en les leur dictant, à partir de ses brouillons et notes pris sur le terrain.
Néanmoins, c’est bien lui qui les signe de son nom : Masse. Il est amusant de noter l’étonnante modernité de ce travail en équipe sur le terrain, qui ressemble beaucoup aux méthodes liées à la psychologie, employées aujourd’hui dans les entreprises autour des notions de collaboration, de confiance, ou de compréhension mutuelle.
Après cette nécessaire approche sur la méthodologie mise en œuvre pour mener à bien ses missions, on pourra prochainement, lire l’essentiel des « Mémoires et Remarques que le sieur Masse, ingénieur ordinaire du Roi a faites sur le Pays de Buch appelé vulgairement Captalat et sur La Mer d’Arcachon, appelée dans le Pays : petite mer ».
A suivre …
Extrait du Bulletin de la Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch, n° 78 en date du 4e trimestre 1993, avec l’aimable coopération de Jean Marie Blondy.
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