Histoire : La fontaine St Jean et un curé curieux (2/2)
Le Teich
Histoires de la fontaine St Jean, de guerre de clochers et d’un curé curieux… (2/2)
(Lire le chapitre précédent du 3 juin, ici)
Par Jean-Marie Blondy, d’après l’abbé Boudreau, curé du Teich, et Bernard Bazoin
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Michel Lenoir, Directeur de Publication
11/06/19
Guerre de clocher entre Mios et Le Teich
Bien que disciple du docteur Peyneau, le curé Boudreau va encore se démarquer et émettre quelques doutes lorsque ce dernier évoque la rumeur selon laquelle les habitants de Mios auraient dérobé la statue de St Jean, placée sur la fontaine.
Supprimée aux environs de 1720, l’humble paroisse de Lamothe ne possédait que peu de biens qu’il fallut un jour partager.
N’étant parvenus à aucun accord, les habitants de Mios et du Teich en vinrent aux mains.
Mios emporta la partie… et la statue de St Jean qu’ils placèrent à côté de celle de St Martin patron de la commune, dans l’église paroissiale.
Rancuniers les Teichois, deux siècles après cette guerre de clocher perdue ? Assurément, puisque le curé Boudreau évoque en 1975, une sentence qui avait toujours cours : « Les Miossais nous ont volé Saint Jean… »
Et le curé Boudreau concluait : « Il faut à la fois se méfier des légendes, qui ont bien souvent un fond de vérité et les respecter ».
Un curé curieux
Comme on a pu le voir, le curé Boudreau avait toutes les qualités requises pour entreprendre des recherches, tant sur le terrain même qu’auprès des « gens du pays », ses propres paroissiens.
Ses fouilles furent fructueuses. Un premier fragment a été découvert, fragment constitué d’une pierre en forme de bénitier. Puis en 1949, à un mètre de profondeur on trouva une pierre creusée de 3 niches « deux petites encadrant une plus grande de 50 cm ».
Cette pièce découverte venait parfaitement compléter celle déjà mise au jour, laissant supposer l’existence d’une statue protégée par des barreaux rouillés, qui devaient l’empêcher de tomber.
Il y avait donc bien eu une statue à la fontaine St Jean, ce que certains habitants du Teich devaient confirmer pour l’avoir vue en 1914.
Était-ce celle « volée » par les Miossais, puis replacée? Les investigations menées en ce sens par le curé Boudreau, à Mios dans l’église paroissiale ainsi qu’aux abords d’une autre fontaine dédiée à St Jean, devaient s’avérer négatives.
A quel saint se vouer ?
En revanche, ces fouilles ne permirent pas de retrouver la pierre décrite par André Rebsomen.
Et l’abbé Boudreau de s’interroger : si un aigle se trouvait bien gravé au fronton de cette fontaine, il ne pouvait en aucun cas s’agir de Saint-Jean-Baptiste mais de l’apôtre Saint-Jean-l’Évangéliste. Sur ce point, on ne peut contester les conclusions de l’abbé.
Une fontaine très ancienne
La fontaine St Jean serait très ancienne. Comme nous l’avons vu, E. Harlé déclarait avoir vu, gravées dans la pierre les dates « 1645-1651 », quand André Rebsomen lui n’avait pu lire que 1606. Le curé Boudreau quant à lui, « à la lumière frisante du matin » a cru distinguer les dates « 1700 » ou « 1706 ».
Quelques indices gravés dans la pierre « un trois-mâts avec château de poupe et de proue », la présence d’une coquille dans la niche pourraient permettre de dater la fontaine comme étant des XVI ou XVIIe siècles.
Les découvertes dans les années 1969-1970 d’un temple gaulois de l’autre côté de l’Eyre permettaient donc, à nouveau, d’envisager toutes les hypothèses, notamment celles qui consisteraient aux cultes des eaux, ici à Lamothe, site important, en bordure de ce qui était jadis la voie romaine reliant Bordeaux aux Pyrénées, en passant par Sanguinet et Dax.
En entreprenant des fouilles plus complètes, le curé Boudreau ne désespérait pas de trouver à cet endroit, la trace d’offrandes romaines ou gauloises et mêmes d’autres plus anciennes, ou peut-être des éléments datant de l’âge du bronze ou de la pierre polie. De nouvelles recherches sur ce site et alentour seraient bienvenues, à ce jour elles restent à faire.
Aujourd’hui régulièrement fréquentée, lieu de promenade pour certains, de pratiques religieuses ou de superstitions pour d’autres, la fontaine St Jean n’a peut-être pas encore tout révélé de son passé…
D’après l’article de l’abbé Boudreau, curé du Teich, publié dans le Bulletin trimestriel n° 6 de la Sté Historique et Archéologique d’Arcachon, mis en forme par Bernard Bazoin.
Cartes pour situer l’emplacement de la fontaine St Jean à Lamothe, commune du Teich
Clichés de la fontaine St Jean dans les deux articles © Bernard Bazoin et Marinelle (découvrir d’autres photos sur son site web marinellebaladesphotos.fr, ici)
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