Histoire : La fontaine St Jean, source de mystères… (1/2)
Le Teich
Histoire de La fontaine St Jean : Source de mystères, vertus thérapeutiques, guerre de clochers…
Par Jean-Marie Blondy, d’après l’abbé Boudreau, curé du Teich, et Bernard Bazoin
Le Bassin a son histoire. Et les membres de la Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch (SHAAPB) la content fort bien. Ils éditent une revue régulière à laquelle vous pouvez vous abonner. C’est passionnant, et nous leur ouvrons nos colonnes…
Michel Lenoir, Directeur de Publication
3/06/19
1ere partie : Une source qui interroge …
L’abbé Boudreau a été curé du Teich pendant 35 ans. Archéologue, préhistorien passionné, membre de la Sté Archéologique de Bordeaux, vice-président de la Société Historique et Archéologique d’Arcachon., il a effectué des recherches tout au long de sa vie, non seulement en France mais aussi en Afrique du Nord, en Grèce et en Italie.
C’est donc tout naturellement qu’il a été amené à s’intéresser, dans sa propre paroisse, à la fontaine St Jean, qu’il a longuement étudié et dont il a tenté d’écrire l’histoire.
Au Teich, à Lamothe
Au lieu-dit Lamothe, sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, au sud de la commune du Teich, proche de l’Eyre et de la voie ferrée reliant Facture à Arcachon, se trouve une fontaine très ancienne, lieu de pèlerinage autrefois très fréquent : la fontaine St Jean.
Pour y accéder, il fallait traverser la craste Baneyre, affluent de l’Eyre. St Jean était le saint patron de Lamothe.
S’il est aisé aujourd’hui de la découvrir, il n’en a pas toujours été ainsi. Peu à peu oubliée, cette fontaine a subi les outrages du temps et les méfaits des hommes.
Détruite en 1920 et pendant la guerre de 39-45
Dans les temps plus récents, la rumeur prête aux ouvriers chargés de l’implantation des lignes électriques dans les années 1920, la destruction partielle de cette fontaine. Plus tard, l’incendie causé par l’explosion d’un wagon de munitions allemand durant la Seconde Guerre, paracheva cette œuvre de destruction.
C’est ainsi que dans les années 1950, n’apparaissait de cette modeste construction «moitié fontaine- moitié chapelle » qu’une voûte de pierre recouverte d’alios.
Aidé par les habitants du quartier, dont bon nombre de cheminots travaillant à la gare proche, l’abbé Boudreau, entreprend de dégager cette fontaine, faisant apparaître une margelle en pierre, creusée en son centre, qui permettait comme l’écrit non sans humour ce brave curé « aux généreux donateurs, de donner d’un côté et aux loustics, de reprendre de l’autre ».
Une source qui interroge
Mais le curé Boudreau n’était pas le seul à s’interroger sur l’histoire de ce monument. Bien d’autres avant lui avaient entrepris des recherches sur l’origine et l’histoire de cette fontaineet leurs conclusions étaient parfois très différentes.
André Rebsomen dans son ouvrage Le Guide Touristique d’Arcachon et le Pays de Buch publié en 1938 décrivait « un monument en pierre détruit depuis quelques années« .
Il faisait également mention d’une inscription latine » Mirabilis deus et sanctisimus …otus …Quicumque aegra salutis », inscription incomplète difficilement traduisible mais qui pourrait toutefois évoquer le caractère religieux, voire miraculeux de ce monument.
Un aigle était sculpté à côté de cette inscription.
D’autres savants ont montré de l’intérêt pour cette fontaine. En 1907 déjà, un dessin de ce monument exécuté pat M. Dudillot, instituteur ayant résidé au Teich, devait être présenté à la Société Archéologique de Bordeaux.
Des vertus thérapeutiques ?
E. Harlé, ancien archiviste de l’Académie des Sciences et Belles Lettres et Arts de Bordeaux, décrivait en1928 avec précision, la fontaine St Jean « surmontée d’un petit édifice avec niche pour la statue du saint et l’on y découvre les dates 1645 et 1651 ». Il reconnaissait, bien que la fréquentant depuis de nombreuses années, qu’il n’y avait jamais vu couler une goutte d’eau.
La construction de la ligne de chemin de fer proche aurait-elle été la cause de cet assèchement ? La question était posée.
Comme l’avait déjà remarqué André Rebsomen, à la même époque, E. Harlé évoquait la présence de chiffons (linges, vêtements d’enfant, mouchoirs) déposés aux alentours immédiats de la fontaine par les malades dans l’espoir d’une guérison. La fontaine du Teich avait donc la réputation de guérir les maladies de peau.
Les Romains attribuaient déjà à certaines eaux, la faculté de traiter les brûlures. Cette pratique où se mêlent religion et superstition est par ailleurs courante dans la région des Landes.
Enfin, le célèbre docteur Peyneau devait lui aussi dans son ouvrage Découvertes Archéologiques dans le Pays de Buch » dire quelques mots au sujet de la fontaine vouée à St Jean qu’il décrivait comme étant un monument « en ruines« , dépassant par son importance les monuments de ce type.
Il considérait également que la fontaine pouvait avoir des origines celtiques voire antérieures à la conquête romaine, hypothèse que le curé Boudreau, ne semblait pas partager, ce dernier préférant voir en ce lieu une simple étape des pèlerins se rendant à Compostelle.
A suivre…
D’après l’article de l ’abbé Boudreau, curé du Teich, publié dans le Bulletin trimestriel n° 6 de la Sté Historique et Archéologique d’Arcachon, mis en forme par Bernard Bazoin.
Cartes pour situer l’emplacement de la fontaine St Jean à Lamothe, commune du Teich
Clichés de la fontaine St Jean © Bernard Bazoin et Marinelle (découvrir d’autres photos sur son site web marinellebaladesphotos.fr, ici)
IB Pratic : Rens et inscriptions au 05 56 54 99 08 ou shaapb@orange.fr. Adhésion et/ou abonnement pour recevoir le Bulletin ici.
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