Eviter l’eau ferrugineuse dans son jardin, c’est possible…
2/05/17
Pomper la bonne eau dans son jardin (par Isidore, le puisatier, 2/2)
Les eaux d’une partie de la chaîne des Pyrénées (qui sont des châteaux d’eau naturels) vont, comme la Leyre, mais sous terre, vers le Bassin. Des milliers de cours d’eau passent dans notre sous-sol, et vont se jeter en multiples résurgences dans le Bassin (ou dans l’océan Atlantique) ,
Pour faire court, il existe deux sortes de nappes phréatique, celles dites de ruissellement (qui est généralement celle des puits à 7/15 m) et les profondes (celles des puits artésien 150/200 m)
De l’eau sous nos pieds…
Dans chacun de nos jardins, il passe plus ou moins quelques faisceaux de nappes phréatiques, ce sont dans ces nappes-là que les puisatiers d’autrefois captaient l’eau des puits.
Mais comment sait-on que l’on est dans le passage du milieu de la nappe ?
A la structure du sable de roche qui passe dans cette nappe. Il ne ressemble en rien à l’autre sable, celui de notre sous-sol, qui est du sable de mer ou de dune, et qui est rond. Il suffit, bien simplement, quand on a déterminé l’épaisseur de la nappe, de construire ou fabriquer la crépine qui sera placée en plein centre du passage et bien sûr en son milieu.
Des eaux bien différentes
Qu’est ce que ça peut faire que l’eau pompée soit mauvaise, puisqu’elle ne sert qu’à arroser ?
Entre les passages d’eau des nappes phréatiques, vivantes (elles sont espacées entres elles de 7 à 9 m ) existent des eaux qui ne bougent pratiquement pas, stagnantes.
Ces eaux ne se mélangent pas au naturel car leur densité et température sont différentes, un peu comme pour le courant du Gulf-stream.
Les eaux stagnantes se comportent comme des bouillons de culture. La décomposition des racines d’arbres et de toutes sortes de végétaux produit des milliards de bactéries qui sont issues du pourrissement. Cette décomposition génère des gaz soufrés et chargés de méthane, comprimés intimement dans le sous-sol.
L’importance de la crépine
Un mot important sur la crépine (pièce indispensable du puits) : Celle fabriquée par le puisatier, n’a rien à voir celles du commerce. Toute la différence est là.
Le puisatier qui connaît avec précision l’épaisseur du passage de la nappe, fabrique sa crépine. Elle doit être fabriquée légèrement moins haute que l’épaisseur du passage du sable de roche. Ceci pour éviter que, à chaque démarrage, la dépression brusque de la pompe ne provoque un mini rabattement de nappe, entraînant intempestivement les eaux stagnantes, saturées de bactéries.
Quand la crépine est déposée au cm près dans le passage de la nappe, il faut calculer avec précision le débit de la nappe. Par exemple si son débit est de 6 m3, il faut mettre une pompe de 3m3 pour éviter de tirer intempestivement dans les eaux stagnantes situées à proximité
La problématique d’un mauvais forage…
Beaucoup d’entre vous auront remarqué que les murs sont souvent d’une couleur ocre/orangé. Cela est du à l’arrosage par eau de forage. Elle sent mauvais, perturbe herbes et autres gazons, et sa pulvérisation donne des maladies aux arbres.
Les bactéries vivant dans cette eau forment une gélatine gluante et visqueuse (de couleur généralement brune ou rouge) qui se dépose sur la crépine. Au fil du temps, ces bactéries obstruent insensiblement et irrémédiablement, les minuscules «interstices fendus» de la crépine. Au final, la crépine se colmate, et diminue le volume du passage de l’eau. Au bout d’un certain temps la pompe désamorce.
Vous pensez immédiatement qu’il n’y a plus d’eau. Il y a de l’eau, oui ! Mais elle ne passe plus.
Ces bactéries font exactement la même chose avec les pales du corps de pompe de votre pompe, ces pales généralement en matière plastiques attirent comme des aimants les bactéries qui s’agglutine dessus, empêchant les pales de tourner rond. Alors la pompe perd de la puissance, chauffe sans que vous ne vous en aperceviez. Le vernis de l’enroulement des fils de cuivre fond aussi, mettant en panne définitivement votre pompe.
Attention à votre santé
Il n’est pas recommandé d’utiliser cette eau ocre pour remplir des piscines d’enfants, par exemple.
L’ingestion de ces eaux a amené des transferts à l’hôpital de Robert Picqué à Bordeaux, au service des maladies tropicales.
L’eau d’arrosage contaminée par les bactéries sont nocives pour les jardins potager, l’herbe, le gazon, et tous les fruitiers.
Surtout quand ils sont aspergés par des buses d’arrosage automatique. Les murs des bâtiments deviennent marron foncé. On peut tenter de les laver avec de l’acide muriatique…
Cette eau fait aussi des traînées sur les carrosseries des voitures.
Un puits avec de la bonne eau
ll n’est pas excusable de creuser un forage polluant, quand on peut avoir de l’eau de qualité. Un puits traditionnel bien foré se garde toute une vie. Il vous servira loyalement, pour votre jardin, votre maison, piscine. C’est un acte pour sauvegarder la qualité des nappes phréatiques et qui peut vous permettre au passage de substantielles économies…
IB Pratic : Plus d’infos sur le site de l’association des amis des puits, ici.
Isidore Plantey
C’est gratuit