Entretien sans filtre avec J-Y Rosazza, maire d’Andernos…
InfoBassin a rencontré le maire d’Andernos, pour évoquer quelques sujets d’actualité de la ville et du Bassin d’Arcachon.
27/02/24
IB : Bonjour Jean-Yves Rosazza. Le Siba a été pointé du doigt pour sa responsabilité dans la pollution du Bassin au Norovirus, en raison d’un problème de mélange des réseaux d’eaux usées et pluviales. Votre avis sur ce point ?
JYR : Le réseau d’assainissement des eaux usées est suffisamment dimensionné. Le problème vient des eaux pluviales dont le Siba a la charge depuis 2018. Il n’est pas à la hauteur. Il faut régler le problème en amont et qu’on arrive à gérer ces quantités énormes de flotte. C’est la priorité des priorités.
« La priorité du Siba, ce n’est pas de de faire la promotion touristique.
Le Siba, c’est des tuyaux, c’est de la technique. »
Or, c’est une tribune politique. Et moi, je m’oppose complètement à cette idée.
Donc, il faut actionner de manière urgente et forte, le moyen de drainer ces 4000 km², du Médoc au Val de l’Eyre, qui se déversent dans le Bassin.
IB : Allez-vous avoir des réunions entre intercommunalités?
JYR: Oui, bien sûr. Il y a aussi le fait qu’on devrait avoir un bassin de sécurité entre Arès et Andernos, dans la forêt, qui convient parfaitement. J’avais écrit avant l’épisode de cette pollution de novembre/décembre au Conservatoire du littoral pour avancer dans cette voie, car cet espace lui appartient. Mais il ne veut pas en entendre parler.
IB: Qu’est-ce que le conservatoire du littoral oppose comme argument ?
JYR : Pour l’instant, la seule réponse laconique, c’est « le conservatoire n ‘a pas le droit de re-céder quelque chose qu’il a préempté. C’est archifaux. Parce qu’ils ne disent pas la fin… « sauf en cas d’interet général ».
IB : Sur Andernos, le projet de rénovation de l’ancienne poste est tombé à l’eau. Où en est-on ?
JYR : L’objectif, c’était qu’une verrue en centre ville, puisse être sauvée avec 1,5M€ de travaux sans qu’on y mette un centime et qu’on perçoive un loyer pendant 40 ans. Un bail emphytéotique cher.
En contrepartie, le maître d’ouvrage, bénéficiait pendant 40 ans des loyers des sociétés et commerces qui s’y installaient.
Peu de temps avant de signer fin décembre, l’investisseur m’appelle et me dit « je suis embêté, les franchisés qui devaient occuper les locaux, ne viennent pas. Est-ce qu’on peut sursoir nos accords de deux ans? »
Bon, c’est la crise de l’immobilier… Et je lui ai dit, « Je ne peux pas vous mettre au chaud. Si vous ne prenez pas, vous ne prenez pas » !
C’était une opportunité. Mais tant pis, d’autres occasions se présenteront…
IB : Le nouveau marché couvert. Des nouveautés ?
JYR : La nouveauté par rapport à l’ancien, c’est le côté ouvert sur la place qui est un plus. Puisque les 5 bancs de commerçants qui sont de ce côté là, pourront servir les clients dedans et dehors. Ca donnera plus de convivialité… La livraison pour les commerçants est prévue mi-avril. L’inauguration est programmée le 8 juin.
IB : La sécurisation du port du Betey et la nouvelle capitainerie, ont démarré…
Les travaux vont permettre de mettre en sécurité des installations vétustes et des quais dégradés. On va en profiter pour construire un nouveau bâtiment qui va accueillir la capitainerie et le club de voile (SNA) pour qu’il puisse développer ses activités dans de bonnes conditions, ainsi que le club de plongée.
Les travaux se termineront à la fin de l’année 2024.
IB : La jetée aussi est en mauvais état…
JYB : Oui, on va la casser et en construire une nouvelle début 2025. Elle restera de 230m de long. Il risque de ne plus y avoir d’escaliers au bout.
IB : Quels sont les projets pour le Rex, ancien cinéma , et quel bilan pour le ciné/théatre Dolce Vita?
JYR : Pour l’ancien Rex, on va faire les travaux nous-mêmes. Et on souhaiterait ensuite proposer un outil, pour le louer à quelqu’un qui veut gagner sa vie en le gérant. Avec une salle de spectacles, un lieu culturel, pour les groupes de musiques, les troupes du Bassin…
Au Dolce Vita, je suis content que on ait pu mettre en place une sorte de ligne éditoriale, de ligne directrice de programmation assez intéressante. Pas élitiste mais solide.
Je regrette qu’on n’ait pas 800 places au lieu de 350, parce que ça change tout au niveau de la programmation d’artistes. Certains ne viennent pas en dessous de 600 places…
La bonne idée aurait été d’avoir une salle avec Arès. Peu importe qu’elle soit à Andernos ou Arès. Mais ça ne s’est pas fait…
IB : Une nouvelle piscine Coban est prévue vers la ZA à Andernos en 2026. Que va devenir le batiment actuel?
JYR: On vient de recevoir une proposition d’un gros groupe hôtelier pour tout reprendre, et y adjoindre des activités de bien être. On va regarder ça, mais ce sera peut-être nous (la ville) qui reprendrons pour envisager d’autres activités…
Concernant les sports, il faudra certainement un équipement d’un terrain de grand jeu synthétique, un terrain de foot qui permet de tripler l’utilisation avec moins d’entretien, tout en gardant le terrain d’honneur.
En fait, on s’est bloqué à 8 000 habitants. Et là, il faut se rendre compte qu’on est plus nombreux, et il faut améliorer, agrandir, ou restructurer les équipements existants.
IB : Comment abordez vous le manque de logements pour les ménages modestes ?
JYR: Le problème, c’est qu’on ne peut pas loger les gens. Depuis que je suis maire, il doit y avoir une dizaine d’immeubles qui se sont construits. Le problème c’est que ce sont des bâtiments qui ne me servent à rien pour répondre aux possibilités des ménages modestes. Ce qui me dérange, c’est qu’on a du foncier disponible et qu’on ne peut pas l’utiliser.
Je partage complètement l’idée écologique, qu’on ne doit pas démonter tout le foncier qui reste, mais on devrait pouvoir faire du logement pour ceux qui en ont besoin.
IB : Vous pensez au BRS (Bail réel solidaire) ?
JYR : Oui, entre autres. Il y a quand même dans le nouveau PLU (plan local d’urbanisme) qui est sorti, une part importante de logement dit accessibles.
Mais les bailleurs sociaux ne sont pas intéressés. Parce qu’on est trop petit. Quand on a en gros un programme de 30 appartements, même si on en met un tiers en social, ils ne veulent pas gérer. Ils disent que « 10, c’est pas assez. On ne va pas gérer… » C’est épouvantable.
Donc il faut avoir une grosse unité foncière, sur laquelle on fait un vrai programme, non pas uniquement de cas sociaux, mais auquel 75% des Andernosiens sont éligibles.
L’Etat passe son temps à dire « Il faut loger les gens », et en même temps, «ça, on vous l’interdit ». C’est l’injonction paradoxale, selon le terme de François Deluga!
IB: C’est un question de taille du territoire communal?
JYR: Je disais au Sous-Préfet : »Andernos est bâti à 55% de son territoire, un territoire tout petit. Le plus petit du Bassin avec Arcachon. Donc on peut comprendre qu’on ne touche plus.
Par contre, Lanton, bâti à 6% de son territoire immense, et Arès bâti à 11% de son territoire également, ont les même contraintes que nous. Alors c’est là, dans ces deux villes, c’est là qu’il faut développer, donner des autorisations pour faire un peu de programme comme ça. »
Moi je militais pour un PLU intercommunal, mais plusieurs communes, comme Audenge ou Lège–Cap Ferret, pour des raisons qui leur sont propres, ne sont pas d’accord…
IB : Avez vous le sentiment à ce moment de votre deuxième mandat, d’avoir réalisé ce que vous aviez proposé en vous présentant aux élections municipales devant les Andernosien(ne)s ?
JYR : Il faudra que je fasse mon examen de conscience. Mais je pense que tout ce que j’avais dit, je l’ai fait. J’ai réparé ce qui était urgent, les éclairages publics, les réseaux, et d’autres actions qui ne se voient pas. Nous avons réalisé les projets structurants prévus, et nous en avons inventé d’autres aussi, qui sont venus s’ajouter au fil de notre activité, de notre action.
Par exemple, dernièrement, la voie verte qui va être mis en place entre le collège et le lycée. Cela va structurer la ville aussi…
A suivre, d’autres entretiens avec les maires du Bassin…