Enki ! Le Siba joue (enfin) la transparence…
Ecologie : Le Siba lache finalement les données sous la pression (1ere partie)
4/02/20
Pas un candidat aux élections municipales sur le Bassin, qui n’ait la fibre écologique. C’est fou comme depuis que le climat s’emballe, que les jeunes suivent la coléreuse et verte Greta, que les réseaux sociaux bruissent d’alarmants appels à une utilisation du Bassin plus respectueuse de son environnement, c’est fou donc comme les candidats (voir notre article) ont pris cette année un sacré coup de vert, comparé à 2014. On reparlera prochainement.
Aujourd’hui, InfoBassin vous relate comment et pourquoi les élus de l’interco SIBA ont déjà dû lâcher du lest face aux coups de boutoir des assos de défense de l’environnement.
Le SIBA, juge et partie…
L’écologie, c’est donc tendance en ce moment, même que, selon le Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon (SIBA) où siègent les élus, le Bassin serait moins pollué qu’avant. Si.
Mais bon, c’est normal, c’est le même organisme qui gère l’évaluation de la pollution et la publicité touristique pour le Bassin.
Fallait oser, mais comme le Trumpissime président le montre chaque jour outre-atlantique, plus c’est gros, mieux ça fonctionne.
On comprend que les maires, très attachés au développement économique (et donc touristique) du Bassin, soient peu enclins à communiquer sur le contenu d’analyses qui pourraient souligner les éléments qui attaquent sévèrement la qualité du milieu : sur-tourisme, urbanisation galopante, pesticides et autres résidus de méthanisation passant dans les nappes phréatiques, pour finir dans le Bassin.
Des données obtenues par des associations de défense de l’environnement curieuses et tenaces
La CEBA (association coordonnant l’action de 27 assos de défense de l’environnement) a fini par obtenir de l’intercommunalité la nécessaire transparence sur la nature et l’impact des éléments biologiques et physico-chimiques se trouvant dans les eaux du Bassin d’Arcachon, après plusieurs années de pression auprès de la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs), puis du Tribunal administratif, enfin jusqu’à la ministre elle-même. « Sinon, comment évaluer et assigner des objectifs de réduction de la pollution et de restauration de la ressource ? » explique son président Jacques Storelli.
Des données accessibles à tous (et à condition de montrer patte blanche…) ? ENKI !
Le Syndicat intercommunal qui proposait déjà une bibliothèque environnementale a finalement décidé de mettre en ligne et de gérer une partie des documents sollicités (sans que le Répertoire des Informations Publiques ne soit complètement renseigné).
Il s’est doté à cet effet d’un logiciel appelé… ENKI (ça ne s’invente pas… ) de la société WaterShed Monitoring. (Voir le guide de l’utilisateur, ici)
Si dans les légendes, Enki est connu comme le dieu de la sagesse entouré de canaux d’eau, pour les gens d’ici, l’expression prend un sens, disons, plus sexué…
En principe, tout un chacun, après avoir demander des codes d’accès pour la plateforme (voir ici), pourra néanmoins connaître les polluants qui se trouvent dans les eaux du Bassin et les cours d’eaux, notamment ceux à l’origine de la disparition de la majorité des espèces de poissons et crustacés, et des herbiers de zostères. Mais il vaudra mieux avoir quelques connaissances scientifiques pour décrypter les données.
Moins pollué qu’avant, le Bassin ?
Répondre par l’affirmative comme l’a clamé le SIBA, c’est déjà admettre qu’il l’est. Et pour y voir clair, encore faut-il déterminer de quel type de pollution il s’agit.
La pollution organique dans le Bassin a en effet diminué (coliformes, streptocoques fécaux) depuis que les eaux usées ne s’y déversent plus directement comme dans les années 60.
Elle sont filtrés en passant dans les stations d’épuration et finissent en mer au bout du Wharf, au large de la plage de la Salie sud, à La Teste-de-Buch, avec les rejets d’effluents de l’usine de Facture .
Voir notre article du 25/01/17 sur le sujet et également le dossier du SIBA « La vie de l’eau ».
Des élus optimistes…
Or, la pression démographique, avec 150.000 habitants à l’année et jusqu’à 500.000 personnes en été sur le Bassin, l’effet des eaux du réseau des fossés et du réseau pluvial, non filtré, avec son cortège d’eau noires ruisselant des rues, est loin d’être négligeable.
Quand ce n’est pas le réseau des eaux usées qui déborde vers le pluvial pour finir sur nos plages (voir notre article du 1/12/19)
Les analyses de l’Ifremer, guère enthousiasmantes, la présence de micro-plastiques, de produits pétroliers, de métaux lourds et de pesticides dans la lagune, devraient inciter les élus à un peu plus de retenue dans leur com en mode « Tout va bien… »
(A suivre)
Michel Lenoir
Photo éclair et couv FB Clément Viala