L’Edito : En fevrier, degustation d’un vin de Bordeaux vieilli dans l’espace : Un grand cru Gaume les autres ?
L’Oeil au Beurre de Lenoir : Du grand vin de Bordeaux et des sarments de vigne de retour de l’espace ! Un coup de Gaume, avant d’ecrire le futur de la viticulture…
16/01/21
Depuis un moment déjà, le secteur privé s’intéresse à l’espace pour tester de nouvelles technologies ou lancer un business, comme par exemple le tourisme spatial (voir notre article)
Mais lors de ces séjours à plusieurs millions d’euros, les richissimes client(e)s pourraient apprécier modérément de ne s’abreuver que de boissons lyophilisées ou retraitées…
Un colis tombé du ciel
Heureusement, l’avenir pourrait les satisfaire.
Ce mercredi, c’était le jour de récupération en mer Floride d’une capsule Space X, de retour de l’espace, avec notamment à son bord un chargement de 30 kg de 12 bouteilles de vin de prestige et de 320 plants de vigne.
Les bouteilles ont séjourné 14 mois et les sarments 10 mois à bord de la Station spatiale internationale (ISS).
L’intérêt de l’expérience
Mais pourquoi donc envoyer du vin dans l’espace, hormis pour les touristes milliardaires ?
Est-ce que Thomas Pesquet aurait convaincu ses homologues des bienfaits du breuvage des dieux à la robe carmin ?
Certes, les futurs voyages vers Mars vont durer de longs mois et on comprend que le sujet préoccupe les astronautes…
Nicolas Gaume à la manœuvre
A l’origine de l’expérience, on trouve Nicolas Gaume (arrière-petit-fils de Louis, le bâtisseur du Bassin), fondateur de plusieurs Start-up (dont Kalisto / Jeux vidéo), actuellement directeur monde des partenariats stratégiques de Microsoft, et un entrepreneur, Emmanuel Etcheparre.
Les deux compères ont créé les sociétés Space Cargo et Space Biology au Luxembourg pour « définir l’impact de l’espace sur la sédimentation, l’évolution du vin sans le stress de la gravité », et « inventer une agriculture adaptée au réchauffement climatique » dans le cadre d’un programme baptisé Wise (pour «Vitis Vinum in Spatium Experimentum»).
Ils prévoient d’embarquer du vin dans six missions, jusqu’en 2022.
A plus long terme, le but est de «développer des variétés de plants plus résistants au changement climatique, au mildiou ou à d’autres parasites, pour les commercialiser à des domaines viticoles».
Le soutien des institutionnels
Les promoteurs de ce projet sont épaulés financièrement par la Nasa, le Centre national d’études spatiales, l’Agence spatiale européenne, Thales Alenia Space, Nanoracks, ainsi que des investisseurs privés américains et asiatiques.
L’Institut des sciences de la vigne et du vin de Bordeaux et des chercheurs français et allemands sont également partenaires du projet.
Au delà de l’aspect technologique, c’est un joli coup de com pour les promoteurs du projet et le Château dont le nom sera bientôt dévoilé.
Evidemment, les bouteilles ont été un peu secouées au retour dans l’atmosphère. Alors elles vont décanter un peu à Cap Canaveral avant de rejoindre l’Institut du vin pour analyses.
On souhaite bonne dégustation aux heureux élus qui vont pouvoir tremper les lèvres et goûter, fin février à Bordeaux, ce premier nectar prestigieux vieilli dans l’espace…
Santé !
Michel Lenoir
Illustrations Copies écran Space Cargo unlimited. Dessin de Gafa