Edito : Sécurité globale et floutage de gueule…
L’Oeil au Beurre de Lenoir : Surveillance aérienne des manifs légalisée. Et vous trouvez ça drone ?
22/11/20
La vie sur Terre, pour tout animal depuis le premier jusqu’au dernier souffle, est un compromis constant, un curseur se déplaçant entre la liberté et la sécurité :
-D’un coté, il est libre de se déplacer, de découvrir son environnement, de chasser mais en même temps, s’expose à un danger potentiel.
-De l’autre, il est à l’abri des risques et prédateurs, mais doit réduire les interactions avec les autres espèces, et limite son évolution, avec à terme une modification de son comportement.
Liberté ou sécurité, il faut choisir…
Prenons la taupe par exemple. Cette petite bête sympathique qui pourrit joyeusement votre jolie pelouse. Tant qu’elle reste sagement sous terre à déguster les lombrics, tout va bien. Mais qu’elle sorte le bout de son museau à l’air libre, et vlan, le coup de pelle du jardinier patient ou la patte griffue du chat impitoyable lui régleront son compte définitivement.
Les marins le savent aussi, depuis toujours : la liberté de la course sur les mers du globe n’est pas sans danger.
En résumé, si vous voulez vivre en sécurité, restez chez vous.
Si ça vous rappelle quelque chose, c’est normal : on n’entend que ça depuis février.
La protection d’abord
Il faut se méfier du virus insidieux, que peut vous transmettre ce gros naze dégoulinant de sueur qui souffle comme un bœuf en courant. Et comment éviter sinon les fous de dieu au couteau vengeur qui veulent nous saigner comme des moutons ?
Pour celles et ceux qui ont la comprenette un peu bouchée, notre gouvernement, qui nous veut du bien, a pris les mesures et voté les lois pour nous protéger.
Quelque soit le parti au pouvoir, il se trouvera de mauvais(es) citoyen(ne)s pour dire non à une politique sociale, économique ou environnementale, en brandissant des pancartes et en criant des slogans hostiles aux décideurs.
Et bien, ils auront droit, comme la taupe, à un coup sur le coin du nez, donné avec d’autant plus de détermination, que désormais il n’y aura plus d’images pour le montrer.
Parce que c’est interdit de filmer les manifs. Enfin pas tout à fait. C’est interdit de diffuser des images de policier en action pendant les manifs. Pour les protéger.
Souriez, vous êtes filmé…
En même temps, les forces de l’ordre vont pouvoir nous filmer dans les rues, avec les caméras piétons et surtout, des drones. Pour notre sécurité, bien sûr.
En attendant la future loi qui permettra à ces appareils volants de projeter du poivre pour disperser les manifestants, comme en Inde ou « neutraliser » sur le voie publique des individus au comportement suspect…
Ainsi, nous allons tous devenir des acteurs de la téléréalité. Certains vont même devenir célèbres sans le vouloir !
Car si les caméras n’ont pas le droit de filmer l’intérieur ni l’entrée des domiciles, les plans larges peuvent toujours être zoomés pour y voir plus clair.
Ruée sur les rideaux
On comprend mieux alors la queue surprenante aux caisses de Castomachin, cette semaine.
Après le PQ, nos concitoyens se ruent sur les rideaux, les volets et les éclairages, pour aménager un dernier espace de liberté, à l’abri des regards indiscrets.
Le Black Friday va être torride, les lunettes de réalité virtuelle vont s’arracher. Car dans ce monde là au moins, pas de danger.
Taupe-là, mon gars, et reste chez toi…
A dimanche, et prenez soin de vous.
Retrouvez cette chronique en audio sur RADIO CAP FERRET 97.9, les vendredis, samedis et dimanches à 8h, 12h20 et 18h.
Et en podcast sur radiocapferret.com/podcasts/loeil-au-beurre-de-lenoir
Michel Lenoir
Directeur de Publication