Edito : Haro sur l’aviation… Les tartuffes écolos mettent plein gaz !
L’Oeil au Beurre de Lenoir : Les activités aériennes remises en cause… C’est le bal des hypocrites sur l’impact des transports sur l’environnement.
5/04/21
En politique comme dans d’autres secteurs, l’effet de meute permet aux roquets de se prendre pour des cadors.
A Poitiers, la maire EELV Léonore Moncond’huy a déclaré en Conseil municipal : « L’avion ne doit plus faire partie des rêves d’enfants ».
Fallait oser la sortir celle-là, alors que Thomas Pesquet s’apprête à repartir dans l’espace le 22 avril prochain sous le regard émerveillé et admiratif de millions de gamins (et d’adultes) !
Pourquoi cette sortie incongrue ? Parce qu’un aéroclub poitevin voulait promouvoir l’association Rêve de gosses (soutenue par José Garcia, Véronique Jeannot, Laurent Cabrol et Michel Drucker) qui permet aux enfants handicapés de découvrir le monde vu d’en haut comme un oiseau, en oubliant un moment leur handicap.
Et que l’avion, Madame, Monsieur, c’est mauvais, ça pollue, c’est sale. Grave. Beurk.
Quand le Commandant Pesquet va décoller, va-t-on lui poser des questions sur la pollution liée aux essais et lancements spatiaux ?
Des avions à abattre
L’aviation est un symbole facile à atteindre et à abattre. Visible, trop visible. Mais les chiffres sont têtus. Le train pollue moins que l’avion? Oui, mais il est moins souple d’utilisation, et pour traverser les océans, en train…
L’avion pollue moins que la voiture individuelle? Oui, sauf à plus de deux dans l’auto.
Même si l’aviation est le secteur le plus en pointe pour la recherche en moteurs à énergie non polluante, (voir notre article sur le passage de l’avion de Raphael Dinelli à Andernos) même si les nouveaux moteurs consomment beaucoup moins de carburant qu’il y a 30 ans, en ce moment cette formidable industrie innovante est à terre, plombée par la crise sanitaire avec des milliards de dettes.
Facile à manipuler ou à attaquer.
Des cargos remplis de fuel bien lourd
Et si on parlait un peu des cargos, ces géants des mers ? Les mésaventures du cargo géant coincé dans le canal de Suez ont remis en lumière l’importance du trafic maritime et le nombre de bateaux en mer, malgré la crise sanitaire internationale.
Or, les porte-conteneurs utilisent du fuel lourd appelé aussi pétrole bunker, dans lequel sont aussi recyclés les rejets des raffineries. Plus épais, ça n’existe pas sauf l’asphalte, utilisé pour goudronné les routes…
Ce carburant brulé va rejeter dans l’atmosphère beaucoup d’oxyde d’azote et d’oxyde de soufre.
Auparavant utilisé dans le milieu industriel, il a été interdit dans l’industrie en raison de son implication dans les pluies acides.
Mais ces bateaux, chez nous, hormis dans les grands ports, on ne les voit pas. Ils n’existent pas médiatiquement, sauf en cas de problème majeur, quand ils déversent sur nos plages des milliers de tonnes de liquide noir visqueux et malodorant.
Alors, les Tartuffes ont beau jeu de les ignorer !
On pourrait leur dire : Combien d’objets, de denrées, avant d’arriver à votre domicile ont été transportés à leur bord. Idem pour l’essence dont vous remplissez votre réservoir. Et puis, comment feriez vous pour manger des mangues et des avocats en plein hiver ?
Des ordinateurs énergivores
Dans chaque famille, se trouvent un ou plusieurs ordinateurs, smartphones, tablettes, Box TV, avec Netflix, Deezer… Or les data centers (concentration de nombreux et gros ordinateurs) qui stockent les données représentent près de 10% de l’électricité consommée dans le monde. Dont la moitié est destinée aux systèmes de refroidissement…
Un gros data center peut siphonner à lui seul l’équivalent d’une ville française de 100.000 habitants.
Le rapport « pour une sobriété numérique » évoque une augmentation forte de (9%/an) de la consommation énergétique liée au numérique.
Alors, qui est prêt à abandonner ses indispensables outils numériques pour faire baisser la température du globe?
Laisser les enfants rêver…
Pour convaincre nos concitoyens d’adopter des démarches plus vertes et respectueuses de notre environnement, il faudra autre chose que les postures faciles et les déclarations assassines au sujet d’activités à l’impact écologique marginal.
Sans doute un jour, la technologie (et la règlementation) permettront de faire voler des avions sans pilote aux commandes. Mais ces drones volants sont pas prêts de disparaitre du ciel.
Les rêves d’enfants d’aujourd’hui sont les ferments des solutions de demain.
Est ce trop demander aux adultes de leur donner à voir autre chose que des dauphins échoués sur les plages à cause des pêches industrielles et des continents de plastic dans l’océan?
Sur le Bassin d’Arcachon, sur les aérodromes de La Teste et d’Andernos, quelques passionné(e)s nourrissent les rêves de gamins pour qu’ils puissent devenir une réalité…
Dans d’autres activités, comme le proposent les Compagnons du devoir et du Tour de France, aussi.
Et c’est heureux.
Parce que “Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent.” (A. de Saint Exupéry)
Bonne semaine !
Michel Lenoir
Directeur de publication