L’eau était froide sur la côte (et ça se voit)
Une image qui en dit long : cet été, l’eau était plus fraiche …
2/09/16
Sur cette image, plus l’eau est foncée, plus elle est froide…
Pourquoi l’eau de l’océan est-elle si froide cette année ? Cette question traitée par notre confrère La Depeche du Bassin puis débattue dans le Club de la Presse de Radio Cap ferret vous a fort intéressé.
Car, au-delà de l’aspect purement estival, la température de l’eau a aussi un impact direct sur les naissains d’huitres et donc sur l’économie locale.
Jean Marie Froidefond*, qui en avait expliqué les raisons dans l’hebdomadaire local, développe pour InfoBassin quelques informations complémentaires, avec à l’appui, un cliché très explicite du satellite Landsat-8 prise le 3 aout 2016 dans l’infra-rouge thermique (10-12 microns).
Cette image en noir et blanc, montre uniquement les variations de température des sols et des eaux de surface. Le Bassin d’Arcachon avec les Passes et les étangs de Cazaux et de Biscarrosse apparaissent avec des teintes gris claires.
Plus la teinte est sombre et plus l’eau est froide. Les teintes sombres sont localisées à l’entrée du Bassin d’Arcachon et le long du littoral. Ces eaux froides sont dues à une remontée des eaux du fond. Elles ont été engendrées par un phénomène d’ « upwelling » provoqué par un vent venant du secteur nord. Ces eaux froides ont probablement retardé la ponte des huîtres et la production des larves (naissain).
zones de remontées d’eau froide ds le monde (source oceanservice.noaa.gov)
L’upwelling est un phénomène connu, qui n’a rien à voir avec le réchauffement climatique. Quand des vents soufflent le long de la cote, la force de Coriolis entraînent avec eux l’eau de surface vers le large. Les eaux de fond, plus froides, vont remonter combler le vide laissé par l’expulsion de cette eau chaude.
Un peu de technique
Le satellite Landsat 8 passe au dessus du Bassin d’Arcachon 2 fois par mois. Il prend des images numériques au même instant dans dans notre domaine visible entre 0,4 micron (bleu) et 0,7 micron (rouge). C’est de la lumière solaire réfléchie par le sol, l’eau ou les nuages. Mais il prend aussi des images numériques dans le domaine infrarouge thermique, c’est à dire entre 10 microns et 12 microns. L’infrarouge thermique n’est pas de la lumière solaire réfléchie par la surface terrestre, mais de la lumière émise dont l’intensité dépend de la température de la surface terrestre. La résolution (taille du pixel) est de 100 m pour l’infrarouge et de 30 m pour le domaine visible.
Pour aller plus loin…
Les images peuvent être téléchargées gratuitement sur le site d’Earthexplorer, ici
*Jean Marie Froidefond, géologue et océanographe, est un ancien chercheur au CNRS, administrateur Sepanso, et auteur de La grande Dune du Pilat, Ed SO. Merci à lui pour ses explications.
Michel Lenoir
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