5 h de conseil municipal à Gujan-Mestras : Ca commence fort !
Gujan-Mestras : Le 1er conseil municipal nouvelle formule ? Une conception particulière de l’information !
Quand la mairie (comme la plupart sur le Bassin) assume de payer une TV locale pour couvrir l’actu de sa commune…
7/06/20
Depuis 1990, le marathon est une spécialité de Gujan-Mestras mais il se déroule en plein air.
Celui dont on vous parle, s’est tenu à la patinoire, pendant plus de 5 heures jeudi soir, rassemblant les élus municipaux et à peine une trentaine de Gujanais éparpillés, Covid oblige, dans les gradins. Ceux qui ne sont pas venus ont perdu un grand moment de la vie démocratique que nous allons tenter de décrire. C’est à cela que sert la Presse.
95 pages pour traiter l’ordre du jour
Le dossier de l’ordre de jour ne compte pas moins de 95 pages. Il a pour but de rappeler les règles du jeu du fonctionnement municipal, d’élire les membres des commissions et de traiter nombre d’affaires restées en suspens pour cause de crise sanitaire.
Bouchées doubles pour rattraper le retard. Tout cela aurait pu être mené en 3h mais c’était sans compter sur l’opposition qui, bien que ne comptant que 7 membres sur 35 élus, semble déterminée à faire entendre sa voix sur tous les sujets.
Une opposition égarée sur les réseaux sociaux
La Maire, Marie-Hélène Des Esgaulx a commencé, en préambule, par exposer la façon dont ses services ont géré la crise avec la mise en place d’une cellule respectant les règles gouvernementales, protégeant ses citoyens, apportant les services aux plus démunis, tout en ne mettant pas en péril la santé des équipes.
Un fascicule de 27 pages est disponible sur le site de Gujan où on apprend notamment que 14 agents de la ville et 4 au CCAS ont eu des arrêts de travail pour symptômes de Covid sans que la pathologie ait pu être confirmée. Soutiens pendant la crise mais aussi aides pour le déconfinement avec une suspension des loyers et redevances pour les professionnels du tourisme, avec la reprise du marché de plein air dès le 13 mai et depuis le 3 juin lancement d’une campagne de communication « Consommer Gujanais ».
L’opposition attaque immédiatement se plaignant du manque de contact avec la municipalité durant le confinement.
Chacun avance avec le style qui lui est propre, Tony Lourenço, toujours dans le jeu de la gentillesse, souligne que les choses sont plus faciles quand on est nombreux dans les moments difficiles.
Jacques Chauvet aussi, mais sur un ton plus amer, rappelle qu’il a fait connaître son sentiment d’abandon sur les réseaux sociaux.
-« Vous ne m’avez rien demandé, vous n’avez pas téléphoné, pas envoyé d’email, ce n’est pas par les réseaux sociaux que passe la communication. Nombre de gens sont venus spontanément me proposer leur aide » lance MHDE et d’ajouter « Il me tarde d’avoir le bilan de votre action en tant que Conseiller Départemental pendant la crise… »
Le ton est donné, il ne sera pas tendre.
Un assaut bien préparé
La première étape du conseil municipal avec l’entérinement, en général sans discussion, des règles du jeu : délégations données au maire qu’il s’agisse des collectivités territoriales, des emprunts et de la trésorerie… a affronté une série d’attaques.
11 amendements ont été proposés par le groupe composé de Tony Lourenço et Elsa Gady-Schiltz.
Deux fusils légers à l’assaut d’un solide bloc majoritaire de 28 voix, ont réussi à marquer quelques points pour faire exister une si petite minorité.
Diffusion de prochaines séances du conseil municipal en vidéo ?
Pour améliorer la communication, Tony Lourenço demande qu’à l’égal des autres villes de même importance, les séances de conseil municipal soient retransmises en vidéo. Pas d’opposition sur ce point, la maire annonce que : « les services techniques travaillent sur le sujet ».
Il propose aussi de signer la charte de l’association Anticor validée par l’Association des Maires de France et ayant pour objectif de favoriser la reconnaissance du rôle des élus minoritaires, la transparence et le contrôle de l’action publique, la prévention des conflits d’intérêts.
Marie-Hélène Des Esgaulx reconnaît qu’elle connaît mal cette association et propose que cette question soit étudiée avant qu’elle soit mise aux voix.
Tv locale payée par les communes pour couvrir l’actualité : Ca s’appelle du publi-reportage, pas de l’information…
Parmi les demandes, l’amendement n°8 porté par Elsa Gady-Schiltz pour le droit d’expression des groupes minoritaires dans chacun des supports écrits et digitaux présents et à venir de la collectivité. Cela existe déjà dans le bulletin municipal, sur le site internet. Une telle démarche ne devrait-elle pas aussi être pratiquée dans les publireportages d’une TV locale demande l’auteure de l’amendement ?
Pour le Maire : « même si ce site internet est subventionné par la ville comme par bien d’autres collectivités, il choisit librement ses sujets. »
A moins d’avoir le goût de scier la branche sur laquelle on est assis, on imagine difficilement ce site faire des reportages d’opposition. Ne serait-il pas plus sain que la ville achète de la publicité qui est clairement visible ? Dans ce cas le spectateur mesure mieux les limites de la liberté du support.
C’est un véritable problème de société qui est ainsi posé car le publi-rédactionnel non affiché pollue le contenu de l’information… ou de ce qu’il en reste dans un monde de fake news.
Amendement rejeté.
Grappiller quelques pouvoirs
Côté finances, c’est l’équipe Chauvet / Duvignac qui monte au créneau.
Le premier se dit gêné par le paragraphe concernant la gestion de la dette surtout ce qui concerne la renégociation des prêts : « la possibilité vous est donnée de modifier la durée d’amortissement des prêts donc aussi de l’allonger. Nous pensons que les opérations de gestion de la dette doivent être à minima présentées et débattues en commission des finances »
Il choisit de voter contre cette délibération.
Pour le second : « les éléments relatifs aux conditions de réalisation des emprunts et leur renégociation sont des critères budgétaires importants (près de 29 % des dépenses réelles d’investissement pour les trois derniers exercices officiellement déposés) qui de ce fait, nécessitent un dialogue avec les élus et doivent donc être débattus. »
Là encore il s’oppose au projet municipal. Bien entendu, ces diverses délibérations sont votées à la majorité mais la démocratie s’est quand même exercée puisque l’opposition a fait entendre sa voix.
Les questions éclairent les choix
Les questions suffisent parfois à éclairer le sujet : quand Tony Lourenço s’émeut des conflits d’intérêts qui amènent les présidents d’associations qui ne sont pas moins de 14 au Conseil Municipal à voter leurs propres subventions, il lui est répondu : « qu’ils s’abstiennent quand il s’agit de leur propre association ». L’élu aurait préféré qu’ils démissionnent de leur présidence.
Quand Anne Elissalde regrette que le petit chemin du 37 au 39 cours de Verdun soit nommé « Impasse Casanova » à la demande des habitants alors qu’il y a si peu de noms de femmes dans les rues : « à Gujan Mestras, il y a un peu plus de 300 rues avenues impasses etc. 200 portent des noms de lieux, de fleurs et un peu plus de 100 des noms d’individus. Savez-vous combien portent le nom d’une femme ? 4 (Ste Marie, L’infante, Marie Curie et Marguerite Yourcenar) ». N
En fait, il ne s’agit pas du nom de l’écrivain italien mais de celui d’un Gujanais qui a résidé là !
Du coup la délibération fut votée à l’unanimité et à la demande de Michel Duvignac on ajoutera le prénom de ce héros local pour qu’il n’y ait pas confusion avec son glorieux homonyme, désormais fort contesté par les féministes.
D’ailleurs, ces dernières vont pouvoir se réjouir, la voie structurante, appelée à se connecter sur le rond-point des loisirs s’appellera « Allée Simone Veil » femme d’Etat, magistrate qui a joué un si grand rôle dans les droits de la femme.
Des sous pour tous les élus !
La question des indemnités de fonction a été votée à l’unanimité, il s’agit d’un barème national :
-La Maire perçoit 90% du montant du traitement correspondant à l’indice brut terminal de l’échelle indiciaire de la Fonction Publique (après recherche sur internet et sauf erreur de notre part, cela correspond à 3.500 euros bruts mensuels… ceci pour plus de 70 h de travail hebdomadaire !).
-Les adjoints ont 33% du même indice et les conseillers municipaux auxquels des fonctions ont été déléguées, perçoivent aussi une indemnité dans les limites de l’enveloppe globale.
Maxime Kheloufi tout en acceptant pleinement le principe de cette rémunération, souligne l’importance de l’engagement des conseillers et il aurait apprécié qu’ils bénéficient d’une reconnaissance : « que l’ensemble des élus de cette assemblée puissent prétendre à une indemnité de fonction, aussi symbolique soit-elle. Ce n’est pas le choix que vous avez retenu et nous le regrettons ».
Si l’élection des représentants aux innombrables commissions a suscité bien des regrets dans l’opposition, MHDE n’a pas hésité à rappeler que « pour avoir plus de postes il faut avoir plus de voix ». Dura lex, sed lex (la loi est dure mais c’est la loi) dit le précepte latin mais manifestement elle est difficile à digérer pour certains.
Néanmoins les règles de la proportionnelle ont permis à l’opposition d’avoir une représentation dans nombre de commissions. On les trouvera sur le site internet de la ville.
Un nouvel EPIC : Gujan-Mestras Développement, pour créer des animations commercianles
Au menu de cette soirée figurait aussi l’extension des activités de l’Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial (EPIC) qui regroupe les activités de l’Office du Tourisme de Gujan-Mestras, de la Maison de l’huître et du camping municipal de Verdalle. Cet organisme a fait preuve de son dynamisme, les recettes sont passées de 75.525 euros en 2008 à 559.000 en 2019.
Sa gestion financière qui inclut recettes commerciales et produit de la taxe séjour ont permis l’équilibre du budget en 2019 sans qu’il ait recours à une subvention municipale. Il est prévu de favoriser le développement de l’EPIC pour aider au développement du commerce et de l’artisanat local, pour créer des animations commerciales, la nouvelle structure s’appellera Gujan-Mestras Développement.
Proposition votée à l’unanimité.
Six ans de mandant sont devant les habitants de GUjan-Mestras pour voir comment leur Conseil municipal réussit à mettre en pratique la belle phrase d’Albert Camus : « La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité ».
Cette première séance n’exclut pas cette espérance.
Bon dimanche !
Ginette Bléry