Chronique d’une Royale visite…
Humour satirique : Un regard décalé sur la visite de Charles III et de Camilla à Bordeaux, et de leurs hôtes Manu 1er et Brigitte…
Par Alain Mouginet, écrivain, ancien éditeur, demeurant sur le Bassin
25/09/23
Je ne sais pas vous, mais moi j’ai oublié ces derniers jours les affres d’une vie quotidienne ponctuée de catastrophes et guerres en tout genre. Une belle éclaircie, parenthèse magique, nous est venue d’outre-Manche grâce à la visite du célèbre couple, daignant enfin fouler de ses pas royaux cette terre d’Aquitaine que leurs ancêtres encombrèrent pendant trois siècles. Heureusement, la dérouillée de Castillon* mit fin à cette présence assommante. Je note d’ailleurs, hasard du calendrier, que cette visite, un 22 septembre, correspond à la proclamation de la République française en 1792… mais n’y voyez là aucune malice.
Monarchie…
Ma chère tante Apolline, républicaine jusqu’au bout des ongles, s’est violemment insurgée de cette venue inopportune par une réflexion dont elle a le secret : « Que viennent donc faire chez nous ces monarques de pacotille, descendants d’une longue lignée d’oppresseurs du peuple ? C’est une honte de jeter tant de pognon pour les recevoir. Et puis, ils ont voulu le Brexit, alors qu’ils restent chez eux ingurgiter de l’eau chaude en bouffant leur innommable pudding ! ». La chère âme, calmée, a clôturé cette longue tirade en s’enfilant un grand verre de Saint-Emilion à la santé des révolutionnaires guillotineurs.
Manu 1er
Certes, on peut se poser la question de l’utilité réelle d’une telle visite eu égard au déploiement indécent de fastes étalés devant nous. Le France a en effet joué le grand jeu et rien n’était trop beau pour recevoir ces dignes invités. A dire vrai, cela sentait tout de même la diplomatie de paillettes… et le baisemain empli de respect de notre cher Président à la consort Camilla nous renvoyait au merveilleux temps des Précieuses ridicules. Notre premier de cordée rêve-t-il en secret de renouveler le coup fumant du prince-président** ?
Manu Ier empereur des Français, ça aurait de la gueule ! D’autant que désormais, nous sommes copains avec les peuples d’outre-Rhin qui ne risquent pas de nous envahir.
Remontée des Champs… minimaliste
Mais les ardeurs de notre futur empereur ont vite été refroidies lors de la remontée des Champs-Elysées. Debout dans la limousine au côté du roi, ils s’attendaient tous deux à saluer une foule en délire, hors, à mi-parcours ces derniers se sont judicieusement repliés sur leur siège en l’absence de spectateurs à saluer… Heureusement, et dans le cadre des économies d’énergie, nos jolis avions ont survolé à grand fracas la plus belle avenue du monde au grand bonheur de nos deux excursionnistes.
A la vôtre!
La soirée qui suivit fut brillante et les cent soixante pique-assiettes conviés à s’empiffrer de homard et autres douceurs tout en vidant champagne et quelques magnums de Mouton-Rothschild – à près de deux mille huit cents euros le flacon – garderont un souvenir ému de ce grand moment. Tout comme d’ailleurs les habitués des Restos du cœur, qui, compte tenu des problèmes d’approvisionnement ne bénéficieront pas de leur pitance habituelle, remplacée avantageusement par le film de ces agapes.
Des esprits chagrin vont jusqu’à évoquer le bilan financier désastreux de cette manifestation.
C’est du plus mauvais goût, d’autant que le service de la dette en 2023 frôlera à peine les cinquante-deux milliards d’euros, nous permettant ainsi quelques libéralités.
Ping-pong and com…
Enfin, la partie de ping-pong entamée entre notre future impératrice et la consort Camilla restera dans l’histoire comme le point d’orgue de cette visite. Cela dit, cette dernière, peu habituée à récurer les sols, n’a pas réussi à récupérer les balles échouées sur le plancher.
Mais toutes les bonnes choses ont une fin et le royal couple a regagné ses pénates et vaqué à ses occupations habituelles.
Charles en son royaume…
Charles va choyer ses fleurs sans omettre de faire fructifier la petite cassette héritée de sa royale maman (près de cinq cent millions d’euros… exonérés de droits de succession… c’est le moindre !) et surtout retrouver ses petites manies qui font le sel de sa vie de monarque : vérifier chaque matin que ses lacets de chaussures ont bien été repassés, s’assurer qu’un loufiat respecte les deux centimètres de dentifrice étalé sur sa brosse à dents, choisir, au petit-déjeuner, un des six œufs mollets préparés par le cuisinier et décider quel type de miel il préférera ce matin parmi les six qu’il exige qu’on lui propose.
Pointilleux, il s’enquerra ensuite du bon rapatriement des objets qui le suivent dans tous ses déplacements : sa lunette de WC et son papier toilette, ses couverts, son petit contenant en argent de sel de mer ainsi que son coussin préféré***.
J’en connais un à l’Elysée qui rêve d’une telle destinée…
A.M.
Pour les nuls en histoire :
*C’est en 1453 à Castillon que les armées d’Henri VI d’Angleterre et celles de Charles VII de France se rencontrèrent, dernière bataille clôturant la guerre de cent ans qui vit les armées anglaises défaites par notre bon roi.
**Louis-Napoléon Bonaparte, premier chef d’état français élu au suffrage universel en 1848 pour quatre ans, et unique président de la IIème république, fomenta un coup d’état le deux décembre 1851 lui permettant de conserver le pouvoir à quelques mois de la fin de son mandat, alors que la Constitution de la deuxième république lui interdisait de se représenter. Il restaurera l’Empire un an plus tard… Mais tout cela finira mal avec la guerre de 1870 et l’invasion des Prussiens…
***Extrait des témoignages d’anciens membres du personnel qui dressent le portrait d’un homme très exigeant.
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