Chronique diplomatique d’un Noel réussi…

Humour satirique : Gérer le repas de Noël, pour qu’il soit joyeux (c’est à dire sans finir en invectives désagréables) nécessite un certain talent…


Par Alain Mouginet, écrivain, ancien éditeur, demeurant sur le Bassin


24/12/23


Je ne sais pas vous, mais moi je suis très sensible à la magie de Noël.

Quoi de plus doux, de plus réconfortant que la famille réunie autour du sapin scintillant, à l’abri des frimas, bénéficiant de la cheminée qui crépite joyeusement et dont les volutes hypnotisent le regard des enfants !

Quoi de plus joyeux que ce délicieux repas concocté avec amour par Moumoune ! (Moumoune c’est mon épouse, je vous en ai déjà parlé).

Quoi de plus réjouissant que ces invités s’affairant à découvrir les superbes cadeaux trônant au pied du sapin !

Quoi de plus magique que ce départ en file indienne sur ce sentier serpentant dans la neige, chacun muni de sa traditionnelle lanterne, rejoignant les groupes qui convergent vers la petite chapelle pour assister à la messe de minuit ! Spectacle féerique que ces multiples lumignons dansant sous la nuit étoilée…


Po, po, po ! Stop, Ésope! Arrête, Ginette! Redescends sur terre, Prosper!

Ce n’est qu’un rêve de Bisounours ! En réalité, le stress et l’angoisse montent au fur et à mesure que se rapproche la date fatidique.

Il va falloir gérer ce grand moment avec beaucoup de diplomatie, de souplesse et de ruse.



De l’importance du plan de table… et des participants!

A commencer par les participants.

Jean Eudes, le vieil oncle – pas vraiment espéré – qui s’invite néanmoins chaque année prétextant qu’il « souhaite revoir une dernière fois sa chère famille avant que le Seigneur le rappelle à Lui ». Bien entendu, réaction immédiate de sa sœur, tante Apolline : « Mon petit, mon vieux couillon de frère vient encore nous casser les noisettes cette année. A table tu m’installeras loin de lui, son parfum d’eau bénite risque d’agresser mes narines ! ».

Placement d’autant plus délicat qu’il convient de veiller à ne pas laisser les divins flacons de Bordeaux à portée de cette dernière…


Heureusement, une petite nièce, activiste LGBT mariée, a décliné l’invitation, échaudée par l’intervention intempestive de l’oncle l’année précédente. Ce dernier n’ayant rien trouvé de mieux que lui vanter, lors du repas, les bienfaits d’un mariage béni par l’Eglise, tout en fustigeant l’anormalité de sa relation, qui risquait de la conduire tout droit en enfer.


Ce qui n’a pas manqué de faire réagir Apolline : « Eh bien moi je préfère fréquenter tes êtres anormaux plutôt que certaines punaises de sacristie qui se reconnaîtront ».

Sentant la situation déraper, j’en avais profité aussitôt pour déboucher une bouteille de Saint-Emilion, dont le « plop » caractéristique eut la vertu de stopper net sa diatribe…


Il convient également de caser judicieusement un neveu, farouche écolo-révolutionnaire abonné au RSA, prêt à croiser le fer avec son cousin, tradeur dans une banque… Ce dernier ne se privant pas d’ailleurs de dénoncer la honteuse pression fiscale pesant sur les épaules des entrepreneurs, au bénéfice d’une catégorie de population allergique au travail…


Le  casse-tête du menu

Mais ces désagréments ne sont que broutille face au casse-tête du menu.

Afin de contenter tout ce petit monde, les alternatives sont obligatoires : simple tarte au poireau – surtout sans morceaux de lard… qui pourraient donner du goût – pour la belle-fille végan.

Cette dernière ne manquera pas lors de l’arrivée de la dinde bien dorée de dégainer son smartphone pour montrer à tous un film décrivant l’horreur de l’élevage en batterie, ou le dépeçage des grenouilles dont les délicieuses cuisses régalent nos papilles.

Elle bénéficiera sûrement en réponse du persiflage d’un de mes petits-fils, rugbyman accompli et viandard assumé.


Au dessert, le tonton pestera encore sur le taux de sucre excessif de la bûche, sachant que de son temps une belle orange suffisait.

Quant à sa sœur, pourtant déjà bien chargée, elle ne cessera de lorgner sur le vieux cognac qui tarde à faire son entrée.

Au milieu de ce capharnaüm, Moumoune, souriante et calme gardera le cap et restera attentive à satisfaire les désirs de chacun. En vérité je vous le dis : j’ai épousé une sainte !

Joyeux Noël à tous !


Alain Mouginet


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