Bien-etre : L’addiction au porno, par Patrick Filipe
Les idées psy : Les accros au cybersexe (suite)
Par Patrick Filipe, Infirmier D.E, Psycho-Praticien.
16/11/19
InfoBassin vous propose une rubrique hebdo autour de la psychologie, avec chaque semaine, des conseils, des analyses, des sujets qui vous peuvent vous concerner.
Retrouvez Patrick Filipe au micro de Michel Lenoir
sur PLAGE FM 89.1
–Les dimanches à 7h35 et à 20h
–Et le vendredi à 13h30
Ecoutez ici la rubrique en podcast audio enregistré sur Plage FM, 89.1 avec Patrick Filipe au micro de Michel Lenoir en 3mn (rubrique Les Idées Psy ) !
« Nous vivons une société beaucoup trop permissive. jamais encore la pornographie ne s’était étalée avec une telle impudeur. Et en plus, les films sont flous ! » Woody Allen
La pornographie est partout, mais faut pas regarder. Elle est accessible mais c’est indécent. Elle est amorale mais on la voit partout. Et elle interpelle puisque c’est un interdit…
Il est intéressant de s’arrêter sur les répercutions pour le spectateur et d’évoquer l’«addiction au cybersexe».
Sans pouvoir affirmer que c’est une addiction au sens psychiatrique du terme, la recherche neuroscientifique met en évidence que ce comportement à la même action et le même résultat au niveau du cerveau que la consommation de produits tels que l’alcool ou l’héroïne.
Le porno comme une drogue
Même si l’addiction à la pornographie ne fait pas encore partie des classifications internationales des maladies mentales, un certain nombre d’études basées sur des EEG, des IRM,des études neuropsychologiques ou comportementales, ou encore des études génétiques évoquent la pornographie comme une drogue.
Elle intervient sur le système de récompense ou système hédonique.
Elle se propage par l’intermédiaire d’internet et produit des millions de personnes dépendantes.
Des sites spécialisés proposent une quantité illimité d’images dont la qualité varie. Une véritable drogue toujours disponible.
Une drogue inépuisable à chaque instant
Autant une personne en mésusage alcoolique doit se déplacer pour avoir sa dose, autant celle qui souffre de dépendance à la pornographie peut se fournir 24H/24, gratuitement et sous couvert d’anonymat.
Il n’est pas nécessaire d’avoir une relation trouble à la sexualité pour s’intéresser à la pornographie. Les personnes présentant une addiction au cybersex ne présentent pas dans leur grande majorité une « paraphilie ». Et la pornographie ne détruit pas, pour la grande majorité des consommateurs, leur vie sexuelle.
D’une consommation ludique à l’addiction
D’une façon globale, au début, la consommation pornographique ne pose aucun problème et est souvent simplement intégrée dans la vie sexuelle de la personne ou du couple. Pour la plupart des personnes, cette consommation restera non problématique par la suite.
Par contre, comme pour les produits et autres comportements addictifs, certains consommateurs vont tracer un chemin différent. Insidieusement, la consommation augmente et les personnes concernées vont commencer à en perdre le contrôle.
L’addiction au cybersextouche toutes les classes sociales de la population. Elle concerne des célibataires, des couples et majoritairement des personnes entre 20 et 50 ans. Il y aurait plus d’hommes que de femmes sans pour autant avoir de chiffres probants.
Quelles sont les conséquences ?
Les conséquences sont parfois dramatiques. Le plaisir sans culpabilité et intégré dans une vie sexuelle satisfaisante se transforme parfois dans une culpabilité sans plaisir. Les personnes concernées passent de plus en plus de temps devant l’écran et s’isole de plus en plus de leur entourage social.
D’abord, cela concerne les relations familiales et amicales, puis les conséquences se font sentir sur la santé et sur le travail.
La consommation de vidéos pornographiques sur le lieu de travail est une cause de licenciement.
L’entourage désemparé parce qu’ignorant de l’addiction
Nous constatons la baisse de l’efficience au travail après des nuits passées devant les écrans peut être à l’origine de la perte de son travail et de difficultés financières consécutives.
L’entourage est souvent désemparé devant l’accumulation des difficultés surtout quand la consommation reste secrète et donc la cause des changements et attitudes problématiques, inconnue.
Les personnes consommatrices ressentent souvent une honte et culpabilité énorme, n’osent pas en parler ni à leur médecin ni à leurs proches et il n’y est pas rare qu’elles développent une véritable dépression accompagnée parfois d’idées suicidaires.
Comme pour le tabac ou l’alcool, savoir se faire aider
Pour sortir du fléau, les addictologues en centres spécialisés sont les plus indiqués. La prise en charge s’appuie sur l’exploration comportementale.
La personne doit réapprendre que d’autres activités de la vie peuvent stimuler le système de récompense du cerveau et procurer du plaisir.
C’est un parcours éprouvant qui demande du temps, de la motivation et de l’investissement. Les rechutes sont possibles et doivent être interprétées comme des étapes visant à gravir l’escalier du remodelage de la vie personnelle.
Oui, on peut guérir de l’addiction au cybersex. Encore, faut-il reconnaître le mésusage…
Bonne semaine !
Page FB patrick.filipe.33770
Psycho-Praticien. Thérapie cognitive et comportementale, analyse transactionnelle, hypnose
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