Le Bassin, entre traditions et modernité …
Le coup de plume du WE : Le Bassin superstar. Clichés et graffitis…
10/08/2017
Des pinasses, des cabanes, des couchers de soleil, le banc d’Arguin, la Dune, la petite Amazonie, Hortense, la forêt, la dégustation pieds dans l’eau…
Sur les réseaux sociaux, les images tournent et tournent sans jamais rassasier le quidam. Chacun y contribue. Sans compter l’artillerie lourde des media nationaux.
Le Bassin superstar
Comme hier soir encore sur la 5, dans le très joli reportage d’Echappées Belles tourné cet été (voir la vidéo en replay ici (après 1’30 de pub…).
C’était le Bassin magique avec ses incontournables vu de Paris (manquait juste l’indien de la pointe), Laurent Maupile y a même perdu le « é » final de son nom, le pauvre… Un beau documentaire optimiste où l’on voit des jeunes prendre la relève des anciens professionnels. Ca rassurera les gens d’ici, et d’ailleurs.
C’était le Bassin qui fait rêver. Il explosait d’une beauté insolente sur nos petits écrans avec ses ostréiculteurs, ses pêcheurs, ses dégustations, ses voiliers d’antan… Le Bassin immortel.
Des Racines et du Sel
Pourtant, des voix s’élèvent ici et là pour exprimer une soif d’ouverture à d’autres horizons.
Peu à peu, doucement, les villes du Bassin ont fini par s’équiper de pistes de skate, pour que les jeunes puissent s’éclater en planche à roulettes. Car, l’un n’empêche pas l’autre.
On peut vouloir conserver ses racines et vouloir découvrir de nouvelles cultures et formes d’art ou de pensées. C’est une loi de la nature et de l’économie : ce qui n’évolue pas, se sclérose.
Ainsi ce week-end, Andernos illustrait parfaitement cette ambivalence.
Les Confréries…
D’un côté, un défilé de confréries porteuses de traditions gastronomiques, aux noms joyeux et aux membres gourmands, mais dont la moyenne d’âge dépasse allègrement la soixantaine, comme celle des indispensables bénévoles des associations.
La plupart sont retraités, comme la majorité de la population de la circonscription (source Insee).
Et c’est eux qui tiennent à bout de bras une part très importante de l’économie au Sud comme au Nord Bassin.
Ces confréries étaient réunies pour célébrer l’intronisation dans l’ordre de la GANEA (Gourmands de l’Arcachonnaise Nacrée et de l’Écaille d’Argent (en clair : l’huitre) de quatre impétrants dont la Gujanaise Mireille Mazurier, vice-présidente du Comité Régional de Conchyliculture, heureuse de la « reconnaissance de son travail ».
Lancée sous les auspices de Chaban-Delmas en 1974, la GANEA a réuni en son sein des membres illustres d’Aboville à Zanini, et entend « partager son sens des traditions et faire connaître le Bassin d’Arcachon et ses produits ».
Elle avait donc invité entre autres la Gourmande et Joviale Saucisse de Grenade, ou les Chipirons de Bidart pour festoyer sévère avec 18 autres confréries du même acabit, ardentes défenderesses du patrimoine gastronomique régional.
Folkloriques et indispensables confréries, qui voudraient arrêter le temps et l’inexorable évolution du monde, autour d’une bonne table, bien garnie, de préférence…
Arts de la rue…
Mais la veille, c’était le Collectif Transfert qui présentait ses œuvres (exposées jusqu’au 1er octobre). Du Street Art.
Dommage que l’activité soit vendue en anglais, ça rend la chose plus difficile à s’approprier.
L’Art de la rue, ça parle quand même davantage. On imagine bien le gars qui va donner un peu de vie au vilain mur grisâtre d’un bâti désaffecté, ou celui qui va créer une sculpture improbable avec un bout de métal.
Comme ce Nautilus Smonium (ci-contre) ou cette sculpture de la plage œuvre éphémère invitant à s’interroger sur notre monde de consommation, parmi d’autres surprenantes découvertes.
Le collectif Transfert est composé d’une quinzaine d’artistes peintres-graffeurs qui ont pour objectif de faire connaître leur art au travers de réalisations originales.
Ils ont quand même rassemblé plus de 85 000 visiteurs dans l’ancien Virgin Mégastore à Bordeaux récemment…
Une conférence sur le Street-art et le graffiti, menée à double voix par Céline Lalau, médiatrice culturelle et Jean de La Rooble, artiste graffeur, tous deux issus du collectif Transfert, est également prévue.
Tout ça est gratuit (Les détails du programme, et les lieux d’expos ici )
Alors bien sûr, on pourra dire «C’est pas la culture du Bassin, ça, Monsieur, ça vient des States, ces graffitis, c’est pas de l’art de chez nous »…
Oui, comme la Danse Country made in USA profond, dont quasiment chaque ville du Bassin possède désormais un club, et qui a permis à de nombreux seniors de se (re)mettre à la danse (en ligne), avec des santiags, une chemise aux couleurs du drapeau Américain et un Stetson vissé sur la tête.
Libérez votre créativité…
Allez hop, tous à vos pinceaux, et à vos outils. Ici, on a de la chance, on peut s’entrainer sur le sable, avec un bâton, ou avec les produits de la forêt.
La marée, dans son infini bonté ne laissera pas de traces de vos balbutiements artistiques…
Et puis ensuite, les clubs de peintures et de sculptures que vous avez vu aux forums des assos, pourront vous aider, si besoin, pour la partie technique…
Ainsi devant ce Bassin merveilleux qui inspire tant les auteurs et les artistes en herbe ou confirmés, jeunes ou seniors, la libre expression continuera de Lège à La Teste, sous toutes ses formes.
Et produira d’autres œuvres que les éternelles pinasses sculptées ou peintes à la chaine pour les touristes de passage, qui les regardent à peine d’un œil blasé sur les marchés, une glace vanille-fraise dégoulinante à la main…
Michel Lenoir
C’est gratuit