Auto : Histoire de l’antivol Neiman, par P. Vergès
Sur la route… l’Antivol Neiman , raconté par Patrice Vergès !
Retrouvez Patrice Vergès et Michel Lenoir, sur
PLAGE FM, 89.1, sur le Bassin d’Arcachon
Tous les Dimanches à 10h30 et 18h00
Et les Jeudis à 13h30
Ecoutez le podcast sur l’histoire du Neiman, ici par Patrice Verges au micro de Michel Lenoir.
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Si l’antivol est aujourd’hui obligatoire sur les véhicules neufs, ce n’était pas le cas dans le passé. Pour voler une voiture, il fallait évidemment forcer la serrure de la porte. Après, notamment sur les Peugeot, c’était alors un jeu d’enfant puisqu’il suffisait d’actionner le démarreur. Pas de clé ! Soit il fallait le tirer sur la 203, soit le pousser sur la 403 ce qui fut considéré comme le luxe du luxe en 1955.
Certaines voitures comme la 2 CV possédaient néanmoins une clé de contact. Dans ce cas, nous l’avons tous vu au cinéma, il suffisait d’arracher les fils reliés au contact se baladant généralement sous le planche de bord et les mettre en contact ensemble. Si au cinéma, ça ne prend généralement que quelques secondes, c’était un peu plus long en réalité sauf pour les pros du vol.
Réduction du prix des assurances, avec un « Neiman ».
Comme il n’y avait pas de clé de contact sur les Peugeot, généralement les acheteurs de 203 et 404 faisaient poser un Neiman, devenu un nom générique. D’ailleurs les assureurs assuraient une réduction sur la police d’assurance aux voitures équipées d’un Neiman.
Une vie d’inventeur
Né en république de Moldavie en 1893, Abram Neiman connut une vie cabossée en Allemagne. Avant d’inventer son fameux antivol, il mit au point une suspension auto-progressive à base d’anneaux en caoutchouc. Puis, après avoir dessiné une voiturette, il travailla sur son antivol suite à un vol d’essence sur sa moto. Il plancha jour et nuit sur un antivol très perfectionné révolutionnaire inviolable engrainant plus de 75 minuscules pièces mécaniques les unes dans les autres.
L’équivalent de 150 clés !
Cet antivol pouvait s’adapter autant à l’auto que la moto. Son originalité ? Il bloquait non seulement la direction en évitant le remorquage mais surtout coupait l’allumage. Ses centaines et centaines de combinaison exigeraient au voleur de posséder plus de 150 kilos de clés différentes pour en venir à bout.
Las, suite à l’accession au pouvoir d’Hitler, les premières lois anti-juives apparurent. Il déménagea son usine qu’il ne put plus diriger et décida de revenir dès 1936 en France.
Extraordinairement tenace malgré ses nombreux coups du sort, il tenta de persuader les constructeurs de l’intérêt de son antivol autant en première qu’en deuxième monte.
Renault d’abord
C’est Renault qui l’adopta le premier dès 1949 sur la 4CV Luxe. Il sera bientôt suivi par tous les autres constructeurs comme Peugeot pour sa 203 puis Panhard et enfin Ford et VW en supplément. Plus de 150 constructeurs monteront son antivol !
Ce fut le début du succès. En 1950, déjà un million d’antivol avait été fabriqué. 10 millions en 1957 D’Inventeur il se transforma en industriel.
Au milieu des années 60, sa société produisait quotidiennement 20 000 antivols et 15 000 barillets de serrure sur les sites de Croissy et Nevers. Neiman n’abdiqua jamais et ne cessa d’améliorer son antivol et accroître ses activités jusqu’à ce 7 juillet 1967 où un cancer l’emporta.
Ses usines lui survivront avant de rentrer dans le giron de Valeo dans les années 80 puis d’être revendu à un Japonais en 2012.
Neiman a été plus qu’un simple créateur, c’était un visionnaire marqué par le sort. D’être devenu un nom commun lui permit de rentrer de son vivant dans l’universel.
On ne disait pas un démarreur ni un antivol. On disait un Neiman…
Patrice Vergès, Journaliste (page FB ici), auteur de romans ( Monte-Cristo, Sexa , Sale temps sur le bassin , et d’autres) et de livres de prestige sur les voitures anciennes ou sportives à retrouver ici.